"Avec le cadre juridique que le Parlement vote aujourd'hui, le Grand-Duché fera un pas majeur supplémentaire pour se positionner comme pôle européen en matière d'exploration et d'utilisation commerciales des ressources spatiales", a expliqué à l'AFP le ministre luxembourgeois de l'Economie, Etienne Schneider.
"Le Luxembourg devient ainsi le premier pays européen à mettre en place une législation conforme au droit international et qui donne aux opérateurs privés des assurances quant à la propriété des ressources qu'ils extraient dans l'espace", a précisé M. Schneider.
La loi permet aux sociétés établies au Grand-Duché de pouvoir extraire et s'approprier des ressources spatiales telles que des métaux, des hydrocarbures ou de l'eau. Les compagnies peuvent soit les ramener sur Terre ou bien les utiliser pour construire des bases d'où pourrait partir une exploration spatiale plus lointaine par exemple.
Le Luxembourg ambitionne ainsi de développer une industrie du "New space" ("nouvel espace") afin de stimuler la croissance économique et d'offrir de nouveaux horizons à l'exploration spatiale, selon l'exposé des motifs du projet de loi déposé le 15 novembre 2016.
Le but est aussi de diversifier l'économie du Luxembourg, qui à côté de sa place financière, développe des initiatives dans le domaine de la logistique, de la recherche et de l'industrie.
A ce jour, quatre entreprises du secteur spatial se sont déjà installées au Luxembourg: les américaines Deep Space Industries et Planetary Resources, la japonaise ispace et la société germano-luxembourgeoise Blue Horizon.
L'Etat luxembourgeois est même devenu actionnaire de Planetary Resources, à hauteur de 25 millions d'euros, espérant ainsi réitérer la formule du partenariat public-privé lancé en 1985 avec la Société Européenne des Satellites, aujourd'hui SES dont il détient près de 17% du capital.
Un projet controversé
Mais le projet luxembourgeois d'exportation et d'utilisation des ressources spatiales ne fait pas l'unanimité.
"Plusieurs Etats membres de l'Union européenne ne vont pas dans ce sens-là", confie un scientifique européen souhaitant garder l'anonymat. "Quand on dit qu'on peut avoir accès à tous les matériaux à l'avenir, on ouvre la boîte de Pandore vers un gaspillage des ressources et la fin du recyclage parce qu'on se dit qu'on en aura autant qu'on le souhaite", souligne cette source.
Le gouvernement luxembourgeois est conseillé dans sa stratégie par une équipe d'experts composée notamment de l'ancien directeur de l'Agence spatiale européenne (ESA) Jean-Jacques Dordain, de Simon Worden, précédemment à la tête du centre de recherche Ames de la Nasa, du professeur à l'Université du Luxembourg Jean-Louis Schiltz et des spécialistes de l'espace chinois Ji Wu et sud-coréen Seung Jo Kim.
La Banque européenne d'investissement (BEI) s'est aussi associée au projet avec une mission de consultance, au même titre que l'ESA qui compte apporter des avis et orientations via son service de conseil financier en innovation (EIAH).
Ces derniers mois, le Luxembourg a intensifié la promotion de son projet spatial. En avril 2017, une mission économique en Californie pilotée par M. Schneider et le Grand-Duc héritier Guillaume, a débouché sur l'annonce de la mise en place d'une Agence spatiale luxembourgeoise et d'un fonds d'investissement dédié au financement de cette nouvelle structure.
Un accord est également attendu en octobre avec l'UAE Space Agency, l'agence spatiale des Emirats Arabes Unis.
En novembre, le Grand-Duché accueillera la première édition européenne de la conférence internationale annuelle dédiée à l'espace, NewSpace.
Et en mars 2018, le Luxembourg sera invité au deuxième Forum de l'exploration internationale spatiale (International Space Exploration Forum) de Tokyo.
Enfin, l'initiative spatiale du Grand-Duché s'exposera dans le pavillon luxembourgeois à l'Exposition universelle de Dubaï (octobre 2020).
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