Le président français goûte les symboles: il avait convié son homologue russe à une exposition sur la visite en France du tsar Pierre Le Grand en 1717, M. Trump vient pour le centenaire de l'entrée en guerre des Etats-Unis dans la Première guerre mondiale.
Cette visite revêt une forte charge politique, compte tenu des relations difficiles que M. Trump, chantre de "l'Amérique d'abord", entretient avec le reste du monde. Et elle intervient quelques jours après un G20 houleux, où les Etats-Unis ont réaffirmé leur volonté de faire cavalier seul, notamment sur la question primordiale du climat.
Attendu jeudi à Paris, M. Trump devrait rencontrer les personnels militaire et civil américains dans la matinée, avant d'être accueilli aux Invalides par M. Macron. Les deux hommes auront ensuite à l'Elysée un entretien en tête à tête, puis élargi aux délégations.
Un dîner au prestigieux restaurant Jules-Verne de la Tour Eiffel, offert par Emmanuel Macron et son épouse Brigitte au couple Donald et Melania Trump, clôturera la soirée.
Le lendemain, MM. Trump et Macron assisteront à la traditionnelle parade militaire du 14 juillet sur la célèbre avenue parisienne, où défileront côte à côte des soldats américains et français. Près de 11.000 policiers et gendarmes seront mobilisés à cette occasion.
La présidence française insiste sur les enjeux diplomatiques de cette visite. Il s'agit, selon M. Macron, de ne pas "rompre" avec les Etats-Unis, de ne pas les "isoler", et de réaffirmer les "liens historiques" qui unissent les deux vieux alliés.
En invitant M. Trump, Paris veut "tendre la main" au président américain, insiste le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. L'ambition est de le "ramener dans le cercle" international, que le bouillant septuagénaire déstabilise et inquiète.
'Politique spectacle'
Lors du récent sommet du G20, le président français a assailli d'amabilités son homologue américain, multipliant les gestes complices, les accolades, en net contraste avec les autres Européens, notamment la chancelière allemande Angela Merkel, très critique vis à vis de l'Américain.
"Je ne désespère jamais de convaincre", répète M. Macron, qui juge possible de ramener les Etats-Unis dans l'accord de Paris sur le climat.
"La relation est formidable", se borne-t-on à dire dans l'entourage du président américain.
Experts et diplomates eux, mettent en garde contre l'imprévisibilité totale de M. Trump et les difficultés de travailler au quotidien avec les Etats-Unis depuis son arrivée à la Maison Blanche.
"C'est très compliqué de jouer aux échecs avec un homme dont on ignore tout de la stratégie, et dont le seul postulat est de tout subordonner à l'intérêt national américain. S'imaginer qu'on le fera changer d'avis est une pure folie", analyse le spécialiste des relations internationales Bertrand Badie.
"Poutine à Versailles, Trump au 14 juillet: on est plus dans la politique spectacle, dans l'émotionnel et la mise en scène que dans la construction d'une véritable ligne de politique étrangère", juge-t-il.
"Quoi qu'on en pense, les Etats-Unis restent les Etats-Unis et on a besoin d'eux sur de nombreux sujets. On ne peut pas se contenter de dire: Trump est là, attendons que ça passe", estime à l'inverse le directeur parisien de European Council on Foreign relations, Manuel Lafont-Rapnouil.
"Même s'il est très compliqué de s'appuyer sur une planche aussi imprévisible que Trump, il faut trouver des solutions pour sauver ce qu'il y a à sauver", ajoute-t-il.
Lors de leur entretien bilatéral, Trump et Macron évoqueront ainsi la Syrie, l'Irak, et la lutte antiterroriste, leur priorité commune. Ils se sont déjà rencontrés ces dernières semaines au fil des sommets internationaux.
Contrairement à la Grande-Bretagne, où la perspective d'une visite de M. Trump a suscité une polémique, sa venue à Paris n'a suscité que peu de réactions en France.
Le chef de file de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a jugé que le président américain "n'était pas le bienvenu", et l'écologiste Yannick Jadot a critiqué "une récompense symbolique indigne" faite à un président américain "qui a fait un bras d'honneur à l'Humanité et au climat".
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