"J'entends fermement rester à mon poste pour défendre la démocratie (...) On m'a traitée comme si j'avais commis un délit", a déclaré Mme Ortega dans un entretien à la radio argentine Radio Con Vos, en parlant non plus d'un procès mais d'une "persécution pénale".
La Cour suprême (TSJ) s'apprête à décider, mercredi au plus tard, du sort de la procureure de 59 ans et pourrait décider de l'écarter de ses fonctions, ce qui risquerait d'amplifier les manifestations qui agitent le pays depuis plus de trois mois.
Le bilan des personnes tuées lors de ces manifestations quasi quotidiennes depuis début avril a encore progressé mardi, avec une 94e victime, un jeune homme de 17 ans.
La semaine dernière, cette avocate s'était déjà vue interdite de sortie du territoire par le TSJ, qui a également gelé ses comptes et ses avoirs.
Réputée disciplinée et de caractère ferme, Mme Ortega a commencé à perdre foi dans le gouvernement socialiste en 2016, selon son époux.
Sa première prise de parole critique remonte au 31 mars 2017: elle dénonce alors une "rupture de l'ordre constitutionnel" après la décision du TSJ de s'arroger les pouvoirs du Parlement, seule institution contrôlée par l'opposition.
'Traîtresse'
Perçue par son camp comme une "traîtresse", elle n'a cessé ces derniers mois de fustiger les dérives du gouvernement, contestant l'impartialité des magistrats du TSJ et critiquant l'armée, autre pilier du président Nicolas Maduro, pour sa violence contre les manifestants.
Le Parlement, qui l'avait accueillie debout et sous les applaudissements lors son récent passage dans l'hémicycle, devait débattre mardi de cette procédure intentée contre la cheffe du parquet national. Mais la séance a été suspendue, les députés de l'opposition dénonçant des "restrictions" imposées par les forces de l'ordre, sans plus de précisions.
La décision de la Cour suprême est attendue alors que le pays sud-américain, dont l'économie a sombré avec la chute des cours du pétrole, vit une semaine décisive.
Le camp du président Maduro est en campagne électorale en vue de la désignation le 30 juillet des membres de l'Assemblée constituante. Celle-ci aura pour mission de refonder la Constitution.
"C'est le Venezuela qui sortira vainqueur avec cette constituante, et les impérialistes vont ravaler leurs paroles", a déclaré mardi Nicolas Maduro, en écartant par avance toute idée de représailles américaines.
Ce projet d'assemblée constituante est fermement rejeté par les antichavistes (du nom d'Hugo Chavez, président de 1999 à sa mort en 2013), lesquels y voient une manière de contourner l'Assemblée nationale élue, et dominée depuis 2016 par l'opposition.
- 'Désobéissance civile' -
En signe de contestation, celle-ci a prévu dimanche une consultation populaire symbolique sur cette Constituante, dans 1.600 bureaux de vote à travers le pays, et multiplie manifestations et blocages pour accroître la pression sur le gouvernement.
Présenté comme un acte de "désobéissance civile", ce plébiscite qui se déroulera sans l'aval des autorités a pour but, selon l'opposition, de rendre visible le rejet par la population de cette future assemblée.
Selon la société de sondages Datanalisis, près de 70% des Vénézuéliens sont opposés à la Constituante et 80% dénoncent la gestion du chef de l'Etat.
Une forte participation à la consultation de dimanche conjuguée à une abstention élevée lors de l'élection de ses membres à la fin du mois pourrait compromettre la "viabilité et la gouvernabilité de la Constituante", selon l'analyste Benigno Alarcon.
L'Eglise catholique aussi est montée au créneau, dénonçant "l'inscription dans la Constitution d'une dictature militaire, socialiste, marxiste et communiste" et appelant lundi M. Maduro à renoncer à son projet.
Les adversaires du chef de l'Etat socialiste se sentent par ailleurs portés par la libération de prison, officiellement pour "raisons de santé", d'un de leurs emblématiques porte-drapeau, Leopoldo Lopez, 46 ans, désormais assigné à résidence.
Il avait été condamné en 2014 à 14 ans de privation de liberté pour "incitation à la violence" pendant des manifestations contre Nicolas Maduro en 2014, qui avaient fait 43 morts.
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