Terrassés par le désastre présidentiel de François Fillon, groggys après l'ascension express de la République en marche à l'Élysée comme à l'Assemblée, Les Républicains se réunissent en fin de journée dans leur QG parisien.
Au menu, la mise à la porte potentielle de figures LR, à commencer par le Premier ministre lui-même, trois membres du gouvernement (Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, et Sébastien Lecornu), ainsi que deux députés "constructifs", Thierry Solère et Franck Riester.
Au total six courriers, qualifiés "de convocations d'exclusion" par M. Solère, initiateur du groupe parlementaire des Constructifs LR-UDI distinct de celui LR, ont été transmis aux intéréssés.
"Voilà un bel exemple de ce qu'il ne faut pas faire", a dit lundi sur Public Sénat/Sud Radio Pierre-Yves Bournazel, député LR de Paris, y voyant une "vieille méthode politique".
Alors que le secrétaire général des Républicains Bernard Accoyer avait indiqué que l'exclusion éventuelle serait "débattue" au bureau politique, un cadre LR a assuré à l'AFP qu'il n'y avait "pas d'exclusion à ce stade" mais une "procédure interne habituelle", pour permettre aux personnes mises en cause de "s'expliquer" avant une "éventuelle sanction".
M. Accoyer a d'ailleurs laissé la porte entrouverte à un possible retour dans la famille de certains "constructifs", mais "pas pour ceux qui étaient à la manoeuvre": tous les LR "constructifs" n'ont pas reçu de convocation.
La question divise en interne. Il y a les tenants d'une exclusion: le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, le trésorier du parti, Daniel Fasquelle, l'ancienne ministre, Nadine Morano, "LR, pas Solère", ou le député du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont.
"On ne reconstruira pas si on est dans l'ambiguïté, un pied dedans, un pied dehors (...). A un moment, il y a des chemins qui diffèrent, il faut en prendre acte de manière totalement apaisée", a aussi plaidé le député de l'Yonne Guillaume Larrivé.
Congrès mi-décembre ?
Christian Jacob, chef de file des députés LR, sans prendre clairement position, a déjà reproché à Edouard Philippe d'avoir "contribué à la perte" de ses "anciens collègues" avec sa nomination à Matignon, lui demandant à l'issue de sa déclaration de politique générale le 4 juillet s'il y pensait en se "regardant dans la glace".
D'autres sont opposés à ce type de sanction: pour le maire LR de Nice Christian Estrosi, ce sont des "procédés staliniens".
Vice-président LR d'Île-de-France, Geoffroy Didier a affirmé lundi au Figaro que "l'on peut parfaitement être membre des Républicains" et "soutenir" le gouvernement s'il "va dans le bon sens".
Hors de LR, les centristes suivront de près les conclusions de ce bureau politique.
Le patron de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, membre comme MM. Solère et Riester du groupe des "constructifs" à l'Assemblée, a affirmé vouloir "d'ici l'automne" une "nouvelle force politique" avec ces LR-là. Une hypothèse que n'ont écartée ni M. Riester, ni M. Solère.
Concernant les membres du gouvernement comme Edouard Philippe ou Gérald Darmanin, se poserait la question d'un ralliement à la République en Marche.
M. Solère envisage tout de même une autre "solution" : que les adhérents LR tranchent au prochain Congrès du parti "entre la ligne identitaire et la ligne constructive que nous incarnons au Parlement" à l'occasion de l'élection d'un nouveau président pour le parti.
Une façon de viser Laurent Wauquiez, droitier patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes, bien parti pour briguer la présidence de LR sans adversaire de poids pour le moment.
Deux barons considérés comme plus modérés, Xavier Bertrand, patron des Hauts-de-France, et Valérie Pécresse, présidente de l'Île-de-France, ont décliné de se présenter. Mme Pécresse préfère lancer un mouvement dans LR pour défendre "une droite ni soumise à Macron, ni poreuse au FN".
Ce bureau politique sera aussi l'occasion pour les ténors LR de lancer les hostilités sur ce Congrès en s'exprimant sur la date de l'élection d'un nouveau président: les 11 et 17 décembre sont envisagés.
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