La loi sur la transition énergétique prévoit de réduire la part de l'atome dans la production d'électricité de 75% à 50% à l'horizon 2025.
"Chacun peut comprendre que pour tenir cet objectif, on va fermer un certain nombre de réacteurs (...). Laissez-moi planifier les choses, ce sera peut-être jusqu'à 17 réacteurs, il faut qu'on regarde", a déclaré sur RTL le ministre.
Cette sortie intervient quelques jours après la présentation par M. Hulot du "plan climat" pour le quinquennat, qui a fixé un certain nombre d'orientations dans le secteur de l'énergie, mais qui n'avait pas totalement convaincu les observateurs, faute de mesures concrètes, notamment sur les moyens pour réduire la part du nucléaire.
"C'est une annonce extrêmement intéressante, parce que pour la première fois on a un chiffre et un gouvernement qui brise le dogme de la non-fermeture", a déclaré à l'AFP Charlotte Mijeon, une des porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, tout en invitant M. Hulot "à concrétiser cette annonce et à aller plus loin".
De nombreux experts jugent toutefois l'échéance de 2025 difficile à tenir.
Composé de 19 centrales et de 58 réacteurs en activité, tous exploités par le géant EDF, détenu à quelque 83% par l'État, le parc nucléaire français est vieillissant: les trois-quarts des réacteurs atteindront leurs 40 ans de vie d'ici à 2027.
La prolongation de leur durée de vie au-delà de 40 ans est suspendue à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui devrait se prononcer "plutôt en 2019" sur la question, a rappelé lundi à l'AFP une porte-parole de l'Autorité.
Fessenheim, un précédent difficile
Pour EDF, une telle prolongation permettrait de préparer plus sereinement le remplacement de son parc, mais cela impliquerait 48 milliards d'euros d'investissements sur la période 2014-2025 dans le "grand carénage", programme de maintenance lourde des centrales.
"Nous nous conformerons à la Programmation pluriannuelle énergétique", ou PPE, la feuille de route énergétique de la France créée par la loi sur la transition énergétique, a déclaré lundi à l'AFP une porte-parole d'EDF, sans commenter directement les déclarations de M. Hulot.
La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin), doyenne du parc nucléaire français, a déjà été difficilement actée, dans les derniers jours du quinquennat de François Hollande. Elle ne devrait intervenir qu'au moment de la mise en service de l'EPR de Flamanville (Manche), prévue pour l'instant en 2019.
Cette fermeture est d'ores et déjà vivement contestée par des élus régionaux et les syndicats d'EDF. De quoi augurer d'autres difficultés en cas de fermetures supplémentaires.
"Chaque réacteur a une situation économique, sociale et même de sécurité très différente", a souligné lundi Nicolas Hulot, indiquant vouloir mener les fermetures de manière "non symbolique" et "non dogmatique".
Cependant, les capacités de production d'électricité à partir du charbon et du fioul sont en baisse, tandis que le développement des énergies renouvelables (éolien, solaire) est confronté à différents défis technologiques, notamment en matière de stockage d'énergie.
"La plus grosse difficulté c'est l'intermittence", souligne François-Marie Bréon, chercheur au laboratoire des Sciences du climat et de l'environnement interrogé par l'AFP.
L'éolien et le solaire "sont des énergies fatales - qui arrivent quand les conditions météorologiques sont favorables - donc on est obligé d'avoir autre chose" en complément, pour prendre le relais, détaille-t-il.
Face aux risques d'approvisionnement énergétique, la France serait amenée, selon cet expert, à utiliser des centrales thermiques au gaz, émettrices de CO2.
Dans ce cas de figure, la France pourrait avoir des difficultés à tenir ses engagements de réduction d'émission de gaz à effet de serre. Elle ambitionne d'atteindre en 2030 une diminution de 40% par rapport au niveau de 1990.
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