Robert Vigouroux est mort chez lui, à Venelles (Bouches-du-Rhône), dans la nuit de samedi à dimanche, selon une source proche de la famille.
"J'adresse à sa famille et à ses proches mes plus sincères condoléances", a réagi dans un communiqué Jean-Claude Gaudin, qui lui avait succédé en 1995 à la mairie.
Né le 21 mars 1923 à Paris, neurochirurgien de profession, Robert Vigouroux s'était lancé dans la politique à 41 ans, en adhérant à la SFIO en 1964, et en participant l'année suivante à la préparation de la candidature de "Monsieur X", alias Gaston Defferre, à la présidentielle.
Conseiller général en 1967, il entre au conseil municipal de Marseille en 1971.
À la surprise générale, en 1986, il succède à l'emblématique maire socialiste de Marseille, Gaston Defferre -dont il était proche-, dix jours après la mort de ce dernier en cours de mandat.
Candidat à sa propre succession en 1989, sous l'étiquette majorité présidentielle contre les listes officielles du Parti socialiste conduites par Michel Pezet, Robert Vigouroux est exclu du PS pour dissidence. Mais il réalise le grand chelem en enlevant les huit secteurs de la ville. Sa réélection ressemble alors à un plébiscite.
Il est considéré comme l'initiateur de plusieurs grands projets d'aménagement de la deuxième ville de France, dont certains, comme le vaste quartier Euroméditerranée, continuent de transformer la métropole marseillaise.
"Les rails de la modernité"
"Son mandat a été sous-estimé, brocardé, alors qu'il a mis Marseille sur les rails de la modernité", a réagi auprès de l'AFP l'ancien député PS Patrick Mennucci, figure de la gauche locale, exprimant sa "tristesse personnelle" pour un "ami".
Samia Ghali, sénatrice PS et maire de secteur des quartiers Nord, a salué "un homme politique complet, déterminé et persévérant, visionnaire et réaliste", tandis que le chef de l'opposition socialiste au conseil municipal, Benoît Payan, a appelé à donner "son nom à une rue, une place ou un bâtiment public emblématique de son mandat".
À droite, le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Renaud Muselier (LR), a salué un "grand homme", un "maire constructeur de Marseille", qui "a su casser les clivages, imaginer Euroméditerranée, sortir du clientélisme".
La carrière municipale de Robert Vigouroux avait pris fin en 1995. Il apporte alors son soutien à Édouard Balladur lors de l'élection présidentielle, ne retrouve pas "l'élan populaire" à son égard, et renonce avec amertume à être candidat aux municipales. Jean-Claude Gaudin sera élu.
"Ennemi de la scène politique locale", relèvent le chercheur Michel Peraldi et le sociologue Michel Samson dans leur ouvrage "Gouverner Marseille", Robert Vigouroux a voulu administrer sa ville en s'appuyant sur des techniciens et la société civile.
Mais l'homme "avait fini par exaspérer tout le monde, corseté dans cette certitude qu'une ville peut se gouverner comme une salle d'opération", ce qui contribuera à sa chute, ajoutent les auteurs, qui montrent dans leur livre, à partir d'un travail sur les archives municipales, comment la réponse aux demandes clientélistes avait régressé sous son mandat.
Outre ce mandat local, Robert Vigouroux était entré en 1989 au Sénat, où il a siégé jusqu'en 1998. Il avait aussi mené une brillante carrière de médecin.
Depuis sa retraite de la vie politique, ce père de cinq enfants s'était adonné notamment à la peinture et à l'écriture, signant une dizaine de romans.
"Son mandat fut celui d'un bâtisseur mais aussi d'un homme capable d'associer tous les acteurs à la réussite d'un projet et à penser largement les enjeux de son temps" a salué le président Emmanuel Macron dans un communiqué.
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