Ce nouveau spectacle marque "une volonté de proposer quelque chose un cran au-dessus de ce qu'on avait fait dans les shows d'avant", confie Gaspard Augé, discret artiste portant fièrement la barbe. "C'est une progression naturelle et les gens sont réceptifs, donc je pense qu'on ne s'est pas trompé", estime le natif de Besançon.
Classieux derrière leurs platines, Gaspard Augé, en blouson blanc, et son acolyte Xavier de Rosnay, en blouson noir, ont en effet réussi samedi à transformer les Eurockéennes en dance floor géant pour près de 20.000 spectateurs en transe sous les éclairs et la pluie.
Portés par un jeu de lumière à couper le souffle, sous le patronage de la traditionnelle croix géante du groupe, les princes de l'électro française ont allié habilement les différentes tonalités de leurs trois albums - "†"("Cross") (2007), "Audio, Vidéo, Disco" (2011) et "Woman" (2016) - dont la sensualité a ponctué un concert conservant la brutalité propre à l'ADN sonore de Justice.
Davantage que pour les deux premiers, "on a conçu ce show pour qu'il fonctionne à grande échelle, il est fait pour marcher dans de grosses salles", explique Xavier de Rosnay.
D'énormes panneaux lumineux mobiles suspendus dans les airs donnaient l'impression au public de voir se déplacer la lumière blanche, jaune ou rouge, telle une troisième âme sur une scène parfois baignée de lumière, parfois totalement plongée dans le noir.
"On avait l'impression d'être dans un film de Steven Spielberg. Je ne me rappelle pas avoir vu ça aux Eurocks, même quand Rammstein était venu", souffle le directeur du festival, Jean-Paul Roland, saluant la "beauté" et la "très haute technicité" de ce nouveau live.
'Devoir d'efficacité'
"On a encore du boulot", estiment pourtant les deux trentenaires, modestes malgré le succès déjà rencontré lors de leurs premières dates en France, ainsi qu'en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, où ils ont entamé cette nouvelle tournée.
Avant d'attaquer les grandes salles à Paris, Lyon, Londres ou Berlin, Justice cherche à perfectionner "la meilleure version festival" de son spectacle pour tourner jusqu'en septembre sur les évènements du monde entier - New York, Chicago, Montréal ou encore Tokyo.
"Le jeu des festivals, c'est de jouer pour des gens qui, en partie, ne viennent pas spécialement nous voir et d'essayer de capter leur attention pour qu'ils s'amusent jusqu'au bout", indique Xavier de Rosnay: "On a un devoir d'efficacité."
Les deux trentenaires du label Ed Banger Records ont à coeur d'être "généreux" avec le public en offrant dans leur show à la fois des titres de "Woman" - "qui fonctionnent bien" - et les tubes de leurs précédents disques comme "D.A.N.S.E" ou "We are your friends". "On adore encore nos deux premiers albums, donc on les joue encore sans problème", assurent les membres du groupe auréolé de deux Victoires du meilleur album de musiques électroniques.
Perfectionniste, le duo parisien à la renommée internationale cherche toujours à "faire mieux", en s'"amusant". Mais il se méfie de "l'hallucination collective" que constitue le succès.
"Essayer de plaire aux gens, c'est très risqué, on a peu de contrôle là-dessus", estime Xavier de Rosnay. "Les seules choses sur lesquelles ont a une vision un peu précise, c'est notre époque et nos goûts. Après, le reste c'est un peu à Dieu vat."
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