Près de neuf mois après le début de l'opération pour reprendre la deuxième ville d'Irak, dont l'EI s'était emparé en 2014, les derniers jihadistes sont assiégés dans deux pâtés de maisons au coeur de la vieille ville, près du Tigre, selon le général américain Robert Sofge.
L'annonce de la reprise totale de la ville est "imminente", a-t-il déclaré par téléphone à l'AFP, depuis Bagdad. "Je ne veux pas spéculer si ce sera aujourd'hui ou demain, mais je pense que ce sera très bientôt".
Les derniers jihadistes "font autant de ravages qu'ils le peuvent", d'après le gradé américain, qui dirige le centre des opérations conjointes de la coalition antijihadistes menée par Washington.
Certains se font passer pour morts, vêtus de gilets explosifs, qu'ils mettent à feu à l'approche des forces irakiennes de sécurité. Des femmes combattantes se sont elles faites sauter au milieu de civils déplacés.
"Ces deux derniers jours, nous sommes arrêtés à 100/50 mètres du Tigre. La fin de la bataille est proche, je dirais deux jours", a de son côté expliqué à l'AFP à Mossoul le lieutenant-général Abdel Ghani al-Assadi, un commandant des troupes d'élite du contre-terrorisme (CTS).
Selon lui, la progression est rendue lente et difficile par la présence des nombreux kamikazes de l'EI et de bombes dans les maisons. Aussi, l'armée ne peut utiliser les bombardements en raison de la présence de milliers de civils.
Affamés et choqués
Samedi, les combats le long du Tigre semblaient moins intenses que les jours précédents, selon un journaliste de l'AFP qui a régulièrement entendu des rafales d'armes automatiques, des tirs de mortiers et d'artillerie légère, ainsi qu'au moins deux bombardements aériens.
Le lieutenant-général Assadi a précisé que ses troupes avaient tué des combattants de l'EI qui tentaient de fuir en traversant le Tigre.
D'autres jihadistes cherchent à se fondre dans le flot des réfugiés civils après avoir rasé leurs barbes et changé de vêtements, selon le général Sofge.
Des civils libérés par l'avancée des forces irakiennes ont continué samedi d'arriver dans les quartiers périphériques pour y être accueillis, nourris, éventuellement soignés avant d'être dirigés vers des camps.
Une équipe de l'AFP a ainsi pu voir samedi un groupe d'une soixantaine de femmes et d'enfants, les hommes étant restés au poste de contrôle pour des vérifications.
Affamés et choqués, beaucoup de ces civils étaient en pleurs et disaient avoir perdu des membres dans les combats, les bombardements aériens de la coalition internationale qui soutient les forces irakiennes, les tirs de mortiers et les snipers jihadistes.
Sur le plan humanitaire, l'offensive à Mossoul a eu des répercussions majeures. Sur les 915.000 personnes ayant fui la ville, environ 700.000 sont toujours déplacées, selon Lise Grande, la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Irak.
V de la victoire
Pendant que les CTS continuaient le combat dans une zone d'environ 100 m de profondeur sur 300 m de largeur, le long du Tigre, des membres de la police fédérale ont exprimé leurs joie à Mossoul après que la fin de leur mission leur a été signifiée.
Certains faisaient des V de la victoire et d'autres prenaient des selfies en tenant un drapeau de l'EI à l'envers.
"Ils méritent de célébrer cela et peuvent ressentir toute la fierté et le sens du travail accompli", a dit le général Sofge, offrant ses "félicitations à l'avance pour cette grande bataille".
"Il faut revenir à la Seconde guerre mondiale pour trouver (une bataille) qui se rapproche seulement" de celle de Mossoul, a-t-il jugé.
Cette ville avait une dimension très symbolique pour l'EI: c'est là que son chef Abou Bakr al-Baghdadi avait fait en juillet 2014 son unique apparition publique après avoir proclamé un "califat" sur les vastes territoires conquis par le groupe jihadiste en Irak et en Syrie.
La fin des combats à Mossoul ne marquera pas la disparition de l'EI, qui contrôle encore des secteurs en Irak et des territoires dans l'est et le centre de la Syrie, où son fief Raqa est assiégé par des forces soutenues par Washington.
Le groupe ultraradical conserve en outre les capacités de mener régulièrement des attentats à la bombe meurtriers dans des secteurs sous contrôle du gouvernement.
L'EI a encore "largement de quoi se battre", a estimé le général Sofge. "La libération de Mossoul va susciter une réaction" chez les jihadistes.
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