La déclaration finale adoptée après deux jours de sommet sous haute tension à Hambourg, en Allemagne, en permanence ponctué de manifestations souvent violentes, porte la marque des controverses entre le nouveau gouvernement américain et le reste du monde.
Concernant le climat, le G20 a pris acte de la sortie des Etats-Unis de l'Accord de Paris de lutte contre le réchauffement climatique et de leur isolement sur la question : tous les autres pays considèrent dans le texte que cet accord international est "irréversible".
"Là où il n'y a pas de consensus, le communiqué final souligne les divergences", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel.
La Turquie a toutefois dans la foulée lézardé ce front uni, menaçant de ne pas ratifier l'accord sur le climat.
"Après la décision prise par les Etats-Unis, notre position va dans la direction d'une non ratification par le parlement", a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan à la presse à Hambourg.
Il affirme que la France, au moment de la signature de l'Accord de Paris, a promis à la Turquie des compensations financières qui ne se sont pas encore concrétisées.
Energies fossiles
Dans le même temps, les Etats-Unis de Donald Trump obtiennent le blanc-seing du G20 pour suivre une politique divergente.
Le texte dit qu'ils vont aider d'autres pays dans le monde à "avoir accès et à utiliser des énergies fossiles".
Une politique largement à contre-courant de l'objectif de l'ONU d'une économie moins gourmande en carbone, même s'il est précisé par le G20 que ces énergies fossiles seront utilisées de manière "plus propre".
Concrètement, il s'agit surtout pour les Etats-Unis de vendre leur gaz de schiste.
Ce point du compromis a fait l'objet d'âpres débats car plusieurs Etats redoutent "un effet de contagion", souligne un diplomate. Mais c'était le prix à payer pour maintenir le lien au sein du forum avec Washington.
Le président russe Vladimir Poutine a parlé d'un compromis "optimal" sur le climat et son homologue français Emmanuel Macron a dit ne pas avoir perdu espoir de "convaincre" Donald Trump de changer un jour d'avis.
Le chef de l'Etat français a annoncé convoquer un sommet sur le climat en décembre en France, deux ans après l'Accord de Paris.
Antidumping
En matière commerciale, le président américain inquiète depuis des mois ses principaux partenaires par ses velléités protectionnistes, illustrées par son slogan permanent sur "l'Amérique d'abord".
Au sommet du G20, les Etats-Unis ont finalement accepté de se rallier dans la déclaration finale à une condamnation du "protectionnisme".
Mais en échange, le sommet des vingt plus grandes économies mondiales reconnaît pour la première fois le droit des pays victimes de pratiques de dumping de recourir à "des instruments légitimes de défense commerciale".
Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à se féliciter de cette évolution.
Emmanuel Macron en particulier livre bataille en plaidant pour une "Europe qui protège", notamment à l'égard de la Chine.
"Cela reflète assez bien la position qu'on défend, lutte contre le protectionnisme et lutte contre le dumping, c'est une position qui nous va bien", résume une source proche de la présidence française.
Thomas Bernes, du centre de recherche sur les relations internationales CIGI, dénonce un "recul" du G20. "Un signal clair contre le protectionnisme pour lutter contre la crise devient un signal mitigé", dit-il.
'Débâcle'
Le G20 de deux jours a été pour le reste dominé par la toute première rencontre entre Donald Trump et son homologue russe, qui tous deux espèrent désormais une amélioration de leurs relations.
Le programme du président américain a été suivi à la loupe. Il a provoqué l'étonnement samedi en se faisant remplacer par sa fille à une réunion.
Electrique dans les salles de réunion, le sommet a été encore plus mouvementé à l'extérieur avec de violents affrontements dans la rue pendant plusieurs jours, qui ont fait des dizaines de blessés.
Certains quartiers de Hambourg offrent un spectacle de désolation, avec voitures calcinées et restes de barricades.
La chancelière fait à cet égard l'objet de vives critiques dans son pays, où il lui est reproché d'avoir organisé un tel sommet en plein centre-ville.
"A Hambourg, l'Etat a échoué", assène samedi le journal le plus lu d'Allemagne, Bild, ajoutant que "cette débâcle est aussi sa débâcle".
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