Par ailleurs, dans un nouveau défi au gouvernement, la procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega, entrée en rebellion contre le président socialiste, a empêché jeudi l'entrée au ministère public d'une avocate chaviste nommée mardi vice-procureure et appelée à la remplacer si elle était destituée.
Jeudi, c'est la Cour suprême (TSJ), accusée de servir les intérêts de gouvernement socialiste, qui a été cette fois la cible des manifestants, toujours mobilisés malgré les violences entourant leurs rassemblements, avec déjà 91 morts en trois mois.
Sur fond de profonde crise économique, les manifestants demandent toujours le départ du président Nicolas Maduro.
Les opposants ont tenté jeudi de rejoindre le bâtiment du TSJ mais ont été repoussés puis dispersés dans l'est de Caracas avec des gaz lacrymogènes, les policiers poursuivant certains militants jusqu'à l'intérieur d'El Sambil, le principal centre commercial de la capitale du Venezuela.
De nombreuses personnes, dont des enfants et des personnes âgées, ont souffert des effets de ces gaz, certaines d'entre elles s'évanouissant, a constaté un journaliste de l'AFP. Au total, 45 personnes, dont 17 enfants, ont reçu l'assistance des services médicaux d'urgence, selon Ramon Muchacho, maire du quartier de Chacao, bastion de l'opposition à Caracas.
Cette nouvelle manifestation avait été organisée au lendemain de la violente irruption dans l'enceinte du Parlement, unique institution du pays contrôlée par l'opposition, par des partisans du président Maduro.
'Sans aucune excuse'
"Aujourd'hui cela a encore plus de sens de descendre dans la rue, après l'assaut paramilitaire mené au Parlement", a affirmé le maire d'opposition David Smolansky.
Sept députés ont été blessés lors de l'attaque contre le parlement, durant laquelle quelque 300 élus et journalistes ont été séquestrés dans le bâtiment pendant neuf heures.
Cette agression a été condamnée par Nicolas Maduro qui a promis une enquête, ainsi que par l'Union européenne, les Etats-Unis, la France et l'Organisation des Etats américains (OEA).
L'UE a demandé jeudi au gouvernement vénézuélien de "garantir la sécurité" de ses députés.
Refusant d'organiser des élections générales, le président vénézuélien Nicolas Maduro a par contre convoqué pour le 30 juillet l'élection d'une assemblée constituante, censée se substituer ensuite au parlement, actuellement dominé par son opposition.
S'exprimant à Guyana, dans le sud-est du pays, M. Maduro a exigé des 2,8 millions de fonctionnaires à travers le pays qu'ils participent à ce scrutin: "Si il y a 15.000 travailleurs (dans un service public), les 15.000 doivent voter, sans aucune excuse. Entreprise par entreprise, ministère par ministère, gouvernorat par gouvernorat, mairie par mairie, allons tous voter pour la constituante !", a plaidé le chef de l'Etat.
Nouveau défi de Luisa Ortega
En 2016, des syndicats avaient dénoncé les licenciements de 1.250 fonctionnaires coupables d'avoir signé une pétition déposée par la MUD, la coalition de l'opposition.
Le N.2 du pouvoir en place, Diosdado Cabello, a de son côté promis jeudi qu'une fois que l'assemblée constituante aura remplacé le parlement actuel, il fera aussitôt réinstaller les portraits de l'ancien président Hugo Chavez (1999-2013), décrochés par l'opposition.
Même s'il bénéficie encore du soutien de l'armée, M. Maduro est sous pression, très impopulaire dans le pays et critiqué jusque dans son propre camp par la procureure générale Luisa Ortega, dont la Cour suprême pourrait bientôt prononcer la destitution.
Dans un nouveau signe de défi au gouvernement, Mme Ortega a empêché jeudi l'entrée au ministère public de Katherine Haringhton, une avocate chaviste nommée mardi vice-procureure et appelée à la remplacer si elle était destituée.
Arrivée par surprise au siège du parquet, dans le centre de Caracas, celle-ci a trouvé le portail fermé et s'est vue empêcher de prendre ses nouvelles fonctions.
"Nous dénonçons la prétention arbitraire de la vice-procureure nommée par le TSJ de pénétrer dans le ministère", a déclaré Mme Ortega, avant un communiqué du Parquet général, son administration, qualifiant la nomination de Mme Haringhton d'"inconstitutionnelle, illégale et illégitime".
Mme Haringhton, sanctionnée en 2015 par les Etats-Unis pour violation des droits de l'homme en raison d'emprisonnements d'opposants, a défendu son indépendance: "Je m'engage à faire respecter les lois. Ceci n'est pas un Etat hors-la-loi", a-t-elle promis, patientant 20 minutes face aux portes closes du ministère public, avant de rebrousser chemin.
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