A la veille de cette rencontre à Hambourg, lourde d'enjeux au plan international comme en interne aux Etats-Unis, Donald Trump a opté pour la confrontation en dénonçant depuis Varsovie le "comportement déstabilisateur" de la Russie.
Il a aussi concédé que le Kremlin avait pu s'immiscer dans l'élection présidentielle américaine de 2016.
La tension qui s'annonce pour ce face à face est aussi palpable à l'extérieur, dans les rues de Hambourg. Des affrontements entre plusieurs milliers de manifestants anti-G20 et la police ont fait plusieurs blessés jeudi soir, dont 76 blessés légers dans les rangs des policiers, et d'autres rassemblements sont prévus vendredi.
Pour ce premier rendez-vous au sommet entre les deux dirigeants dans l'après-midi, chaque expression, chaque geste sera scruté de près, à l'affût du moindre signe de crispation ou, plus improbable, de complicité.
"Il sont tous les deux à l'aise dans l'intimidation et la diversion (...). Ce qui se passera alors entre eux va probablement définir leur relation future", anticipe Derek Chollet, expert au German Marshall Fund of the United States.
Le président américain, qui après avoir fait l'éloge de Vladimir Poutine a dû battre en retraite devant les soupçons de collusion entre son entourage et le Kremlin et une série de contentieux entre les deux pays, a certainement le plus à perdre.
Au plus bas dans les sondages aux Etats-Unis, il va devoir trouver le ton juste pour tenter de relancer la relation russo-américaine, plombée sous la présidence Obama, mais sans être taxé de faiblesse ou de complaisance envers le maître du Kremlin.
Poutine maître à bord ?
Le format de la rencontre, qui aura des allures de tête-à-tête, suscite d'ores et déjà beaucoup d'interrogations, sinon de suspicions.
Donald Trump ne sera en effet accompagné que de son secrétaire d'Etat, Rex Tillerson, et d'un interprète, a confirmé à l'AFP une source à la Maison Blanche.
"Les deux n'ont aucune expérience en politique étrangère. Ils devraient être accompagnés de +pros+ face à Poutine", relève Thomas Wright, expert à la Brookings Institution.
"Poutine aime les réunions en petit format. Cela veut dire que la Maison Blanche a laissé le Kremlin dicter les termes de la rencontre", s'inquiète l'ancien ambassadeur américain à Moscou, Michael McFaul, en déplorant l'absence de conseillers qui auraient pu tempérer l'imprévisibilité de Donald Trump.
Dans un subtil jeu d'équilibriste, le locataire de la Maison Blanche optera-t-il pour une note "plus constructive", comme l'a suggéré son conseiller à la Sécurité nationale, le général H.R. MacMaster ?
Le chef de la diplomatie américaine a esquissé un possible terrain d'entente sur la Syrie, malgré de vives tensions depuis que les Américains le 18 juin ont abattu un avion syrien qui menaçait, selon eux, leur allié kurde.
Les Etats-Unis sont "prêts à explorer la possibilité d'établir avec la Russie des mécanismes communs" de stabilisation de la Syrie, dont des zones d'exclusion aérienne et une "livraison coordonnée de l'aide humanitaire", a souligné Rex Tillerson à la veille du sommet.
Rétorsions
Sur les sujets plus traditionnels de discussion entre les 20 plus grandes économies développées et émergentes, le sommet de Hambourg ne devrait être guère plus consensuel, à l'exception notable de la lutte contre le terrorisme.
"Nous n'allons pas masquer les différences", a averti la chancelière Angela Merkel à son arrivée jeudi soir à Hambourg.
Là encore, les Etats-Unis, qui ont déjà remis en cause les accords de Paris sur le climat, risquent d'apparaître seuls contre tous s'ils agitent le spectre protectionniste contre la Chine sur l'acier et contre l'Allemagne dans le secteur automobile.
"Si les mesures devaient toucher les exportations européennes, nous serions amenés à réagir très rapidement et nous nous y préparons", a-t-on mis en garde à la présidence française.
Sur le climat, les discussions entre délégations ne seront "pas franchement faciles" non plus, a concédé Angela Merkel, se refusant à tout prognostic sur un possible compromis.
La chancelière, qui entretient une relation houleuse avec le nouveau président américain, estime pour sa part que le temps de l'alliance inébranlable avec les Etats-Unis est "révolu" et appelle à un sursaut européen.
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