Qui sera concerné par les coupes budgétaires ? Comment s'agenceront les baisses d'impôts promises par Emmanuel Macron ? Sommé, par l'opposition notamment, de détailler son programme budgétaire pour l'instant encore flou, le gouvernement s'est engagé à apporter rapidement des réponses.
"J'ai proposé au Premier ministre un certain nombre d'économies" et il "va rendre des arbitrages dans la semaine", a annoncé le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, rappelant que Bercy devait trouver 4 à 5 milliards d'euros pour respecter, en 2017, les règles budgétaires européennes.
Selon Gérald Darmanin, qui doit retrouver jeudi après-midi des parlementaires, des élus locaux et des représentants syndicaux pour des "Etats généraux des comptes de la nation", 120 millions d'euros d'économies seront ainsi imposés sur le périmètre de Bercy d'ici à fin 2017.
Pour le reste, "rien ne sera sanctuarisé même s'il y a des priorités", a précisé le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, annonçant "des baisses de dépenses publiques dans tous les ministères". "Dans les quinze jours, on dira où nous faisons des économies", a-t-il prévenu.
Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé mardi, lors de son discours de politique générale, une baisse de la dépense publique "ambitieuse" et le report à 2019 de plusieurs réformes fiscales clé pour contenir le déficit public à 3% du PIB, en 2017 comme en 2018.
Ces annonces, faites cinq jours après un audit alarmiste de la Cour des comptes, ont suscité des craintes dans l'opposition, mais aussi chez une partie des économistes, inquiets de l'effet que ce serrage de vis couplé à ce report des baisses d'impôts pourrait avoir sur la croissance.
"un certain nombre d'inconnues"
"Emmanuel Macron n'a pas été élu pour trois mois, il a été élu pour cinq ans (...) A aucun moment dans la campagne nous n'avons dit +On va baisser tel impôt en septembre 2017, tel autre en janvier+", s'est défendu Christophe Castaner, réfutant tout "manque de transparence".
"Nous arrêterons avant la fin de cette année tout le dispositif" pour que "l'essentiel entre en vigueur dès 2018 et dès 2019", a ajouté le porte-parole, assurant que l'engagement pris par le gouvernement, consistant à baisser les prélèvements obligatoires de 20 milliards en cinq ans, serait respecté.
Face aux députés, le Premier ministre a confirmé mardi que la suppression des cotisations salariales entrerait en vigueur en 2018, mais indiqué que la réforme de l'impôt sur la fortune (ISF) et la transformation du CICE en baisse de cotisations sociales n'interviendraient qu'en 2019.
Il n'a par ailleurs pas précisé la date d'entrée en vigueur de la "flat tax" sur les revenus du capital et est resté flou sur la suppression de la taxe d'habitation pour 80% des ménages, initialement prévue pour s'étaler entre 2018 et 2020, et présentée comme une mesure clé pour le pouvoir d'achat des ménages.
"A ce stade, il reste un certain nombre d'inconnues", regrette Emmanuel Jessua, directeur des études chez COE-Rexecode, critique sur le report à 2019 de certaines réformes fiscales clé. "On s'attendait à ce qu'il y ait un choc fiscal positif en 2018, ça risque de n'être pas le cas", estime-t-il.
"Ce qui a été annoncé par le gouvernement concernant l'étalement sur la durée du quinquennat d'un certain nombre de baisse d'impôts me paraît courageux", a au contraire jugé le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, en présentant ses recommandations intégrées au rapport annuel de l'institution.
"Si la France n'inverse pas, dans les années qui viennent, sa longue dérive des finances publiques, elle s'exposera à un double choc négatif : un choc de compétitivité" et "un choc de souveraineté", a ajouté le gouverneur, jugeant "impératif" de réduire les dépenses publiques.
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