L'homme de 54 ans, actuellement en détention préventive, est accusé d'avoir égorgé une femme de 85 ans avant de tuer son époux de 87 ans qui a succombé à des coups de couteau et de bâton. L'auteur des faits avait ensuite mis le feu à la maison du couple.
Le meurtre commis à Linz vendredi, dont la sauvagerie avait été largement relayée dans les médias nationaux, a été présenté sous un jour nouveau par le ministre de l'Intérieur conservateur Wolfgang Sobotka lors d'une conférence de presse impromptue mercredi soir.
Ce crime "a clairement un arrière-plan islamiste", a-t-il affirmé ajoutant que le Tunisien, qui s'est présenté le jour même à la police comme l'auteur des faits, "est manifestement un musulman radicalisé". La confirmation de ces soupçons ferait de cet acte le premier crime à mobile islamiste commis en Autriche.
Le ministre de l'Intérieur a pris le contre-pied des premières indications données au lendemain des faits par la police selon laquelle la piste islamiste n'était pas privilégiée.
L'enquête a pris un cours inattendu après des perquisitions menées au domicile du suspect et l'examen du matériel informatique saisi, a précisé M. Sobotka, refusant de donner plus de détails sur les éléments à charge contre cet homme installé en Autriche depuis 1989 et sur ses éventuelles déclarations depuis son arrestation.
Les enquêteurs avaient dans un premier temps évoqué comme possible mobile du crime le ressentiment de l'auteur présumé contre la société et le parti d'extrême droite autrichien FPÖ, avec lequel il pensait que le couple avait des liens.
L'homme mis en cause connaissait ses victimes car il leur livrait régulièrement des courses provenant du magasin tenu par sa compagne.
Vivier de jihadistes
L'Autriche a jusqu'à présent été épargnée par les attentats à caractère islamiste.
Le pays abrite cependant un important vivier de jihadistes en Europe rapporté à sa population (8,7 millions d'habitants).
Selon le ministère de l'Intérieur, quelque 300 candidats au jihad ont quitté ou tenté de quitter le territoire pour aller combattre en Syrie et en Irak, dont 50 ont été interpellés en route, 40 ont trouvé la mort sur place et 90 sont rentrés en Autriche.
Rien n'indique que le suspect du double meurtre ait suivi un tel parcours.
Les suspects sont majoritairement d'origine tchétchène et bosniaque. En 2016, 36 condamnations ont été prononcées par des tribunaux autrichiens pour "appartenance à une organisation terroriste".
Parmi ces condamnations figure celle à 20 ans de réclusion prononcée à l'encontre de Mirsad Omerovic, dit "Ebu Tejma", un ressortissant d'origine bosniaque considéré comme la figure centrale du jihadisme en Autriche.
Les autorités ont multiplié depuis 2014 les vagues d'arrestations de suspects et renforcé les moyens alloués aux forces de l'ordre. En janvier, 14 personnes soupçonnées d'être liées à l'organisation Etat islamique (EI) avaient été interpellées lors d'un vaste coup de filet à Vienne et à Graz (sud), la deuxième ville du pays.
A la même période, les autorités avaient annoncé avoir déjoué un attentat islamiste imminent sur le territoire national en arrêtant un Autrichien de 18 ans en lien avec la mouvance jihadiste.
La chancelier social-démocrate Christian Kern, à la tête d'une coalition avec les conservateurs, a réagi mercredi en souhaitant une analyse "sans délai" de la menace extrémiste pour savoir "où des risques similaires existent et comment les combattre efficacement".
L'Autriche se prépare à des élections législatives le 15 octobre, très disputées entre les trois principaux partis en lice, social-démocrate, conservateur et extrême droite.
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