Objectif: leur inculquer une discipline de fer pour obtenir de meilleurs résultats dans ce sport d'équipe, populaire en Asie du Sud-Est, qui combine des éléments du football et du volley-ball -- sepak signifie "coup de pied" et takraw "balle tressée".
Le jeu, qui se déroule sur un terrain de badminton, consiste à faire passer la balle au-dessus du filet avec toutes les parties du corps, excepté les bras et les mains.
Lasse d'être toujours derrière ses voisins comme la Thaïlande ou les Philippines dans les compétitions internationales, l'équipe d'Indonésie a opté pour un stage de préparation peu commun avant les Jeux d'Asie du Sud-Est auxquels participeront 11 pays le mois prochain en Malaisie.
Depuis mars, 15 joueurs et joueuses de la sélection indonésienne vivent sept jours sur sept dans une enceinte de la police d'élite de Jambi, ville sur l'île de Sumatra.
"Pour eux, c'est l'endroit idéal pour s'entraîner. Ils peuvent se préparer mentalement et physiquement", explique à l'AFP Asnavi Rahman, le président de la fédération de sepak takraw, au quartier général de la Brigade Mobile, une unité d'élite de la police intervenant dans le contre-terrorisme et la lutte anti-émeute.
Les policiers aident à la préparation physique des athlètes avant les séances de sepak takraw. Ils supervisent des exercices intensifs incluant course à pied et saut.
Les joueurs et joueuses de l'équipe nationale masculine et féminine peuvent aussi s'initier à d'autres activités pratiquées par cette unité de police, tel le tir, une discipline qui aide à se concentrer sur une cible.
Cette "incorporation" au sein de la police implique des sacrifices personnels pour les joueurs, contraints de vivre comme des ermites pendant les cinq mois de ce stage. Ils ont l'interdiction de quitter le QG de la police du lundi au vendredi.
Le weekend, ils peuvent sortir, mais accompagnés d'au moins un policier, conformément aux règles fixées par l'encadrement et acceptées par les joueurs.
Certains estiment que ce régime de choc vaut le coup, à l'image de Dini Mitasari, une joueuse de 23 ans. "Les officiers de la Brigade Mobile sont très disciplinés et aussi très motivés. Cela se répercute sur nous et aussi sur notre motivation", dit-elle.
Depuis des siècles
Apparu en Asie il y a plusieurs siècles, ce sport se pratiquait à l'origine avec une petite balle en rotin tressé de la taille d'un pamplemousse. Les joueurs formaient un cercle, dans un esprit de communauté. Après avoir évolué au fil du temps, le sepak takraw se pratique aujourd'hui avec une balle en plastique et des équipes de deux à quatre joueurs qui se font face, séparés par un filet.
Des équipes de pays divers sont engagées dans différentes catégories aux jeux d'Asie du Sud-Est, ce sport se jouant à 2, 3 ou 4 joueurs.
L'Indonésie, qui compte des milliers de pratiquants de sepak takraw, alignera, elle, deux formations de trois joueurs (messieurs et dames), qui devront briller pour dépasser leurs voisins.
Car depuis quelques années, la Thaïlande, où le sepak takraw est plus populaire qu'en Indonésie, domine dans les tournois de la région, et la Birmanie se hisse elle aussi parmi les meilleurs.
Si l'Indonésie est à la traîne, c'est parce que les joueurs ne sont pas aussi bien préparés physiquement et mentalement que leurs rivaux, estime M. Rahman. C'est pourquoi il espère que leur "incorporation" au sein de la police d'élite de Jambi, d'où il est originaire, fera la différence.
Après les jeux d'Asie du Sud-Est, la sélection indonésienne sera confrontée à un plus grand défi avec les jeux Asiatiques, un événement d'envergure qui se tiendra en Indonésie en 2018.
Reste à savoir si le stage au sein de l'unité d'élite de la police aura porté ses fruits.
Pour le chef-adjoint de cette institution, Yuri Karsono, accueillir ces sportifs est déjà un privilège en soi. "Nous sommes très fiers et honorés de pouvoir aider nos athlètes nationaux".
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