"Autant le cap du chef de l'Etat était fumeux, autant la feuille de route du Premier ministre était censée être accessible à tous les citoyens qui veulent s'intéresser à nos débats démocratiques", analyse Grégoire Biseau dans Libération.
Pour cet éditorialiste, "Edouard Philippe a fait la démonstration que moins on parle d'en haut, plus on a de chances de parler clair", même si le chef du gouvernement "a su être habile en enrobant les mesures d'austérité". D'où le titre de Libé: "Edouard Filou".
Le Parisien détaille "les 12 travaux d'Edouard" et salue, sous la plume de Jean-Marie Montali, un Premier ministre "que l'on disait effacé derrière Macron, (qui) s'est fait entendre parce qu'il a été concret et qu'il s'est adressé aux Français en essayant de répondre à leurs préoccupations".
"Les annonces du Premier ministre, hier, étaient marquées d'une volonté de réalisme, sans dissimuler des mesures impopulaires", se réjouit Guillaume Goubert dans La Croix.
Selon Cécile Cornudet des Echos, "nommer les choses, ne pas esquiver, phrases courtes, formules rapides, Edouard Philippe impose le style cash".
Les critiques affleurent toutefois dans plusieurs commentaires. "Malgré l'urgence, on se contentera de se hâter lentement, avec des recettes déjà éprouvées", regrette Gaëtan de Capèle dans Le Figaro, qui reste sur sa faim et aurait souhaité des réformes plus radicales de réduction des déficits.
'Sale boulot'
L'Humanité est tout aussi critique mais pour des raisons exactement inverses, dénonçant, sous la plume de Maud Vergnol, "l'enlisement austéritaire que propose la majorité".
La presse régionale retient davantage la répartition des rôles entre le chef de l'Etat et son Premier ministre.
Pour Baptiste Laureau de Paris-Normandie, "lundi après-midi, devant le Congrès réuni à Versailles, le Président Emmanuel Macron, sur un ton quelque peu grandiloquent, a fixé le cap de la France pour les cinq années à venir. Hier, à l'Assemblée nationale, c'est un Premier ministre, les deux pieds dans la glaise, qui a prononcé un discours de politique générale sans emphase".
"A écouter hier le chef du gouvernement, on comprenait mieux pourquoi le président s'en était tenu la veille à des hauteurs philosophiques, ainsi qu'aux réformes institutionnelles supposées populaires : c'était pour mieux laisser le +sale boulot+, c'est-à-dire l'annonce des mauvaises nouvelles, à son Premier ministre", analyse Bruno Dive dans Sud-Ouest.
"Au grand chef les hauteurs quasi stratosphériques, à son premier… collaborateur le plancher des vaches", résume Bruno Mège dans la Montagne.
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