Divergences sur la lutte contre le changement climatique, le libre-échange, première rencontre entre les présidents américain et russe dans un contexte pesant, tensions américano-chinoises, frictions Allemagne-Turquie, rarement les sujets de contentieux ont été aussi nombreux pour une réunion internationale de ce type.
"Nous allons avoir toute une série de sujets épineux", a prévenu cette semaine la chancelière Angela Merkel en vue du sommet des dirigeants des vingt plus grandes économies développées et émergentes qui se tiendra dans sa ville natale de Hambourg, vendredi et samedi.
"C'est sûr que ça ne sera pas un G20 +business as usual+", résume une source proche des négociations.
Les cartes ont été rebattues depuis l'accession au pouvoir de Donald Trump.
Contre-courant
Les Etats-Unis s'érigent à contre-courant des autres grands pays en remettant en cause les accords de Paris sur le climat ou en menaçant de mesures protectionnistes. Ils affichent aussi une position très ferme sur les questions migratoires.
Le président américain s'est entretenu mardi lundi soir par téléphone avec Angela Merkel pour lui promettre de l'aider "à faire de ce sommet un succès", selon la Maison Blanche.
Mais à part la lutte contre le terrorisme, qui devrait faire consensus, tous les autres sujets s'annoncent explosifs.
La présidence allemande avait fait du climat sa priorité avec l'adoption prévue d'un "plan d'action" mettant en oeuvre concrètement au niveau du G20 l'accord de Paris. Il risque désormais de passer à la trappe.
"Nous connaissons les positions du gouvernement américain et je ne m'attends pas à ce qu'elles disparaissent" à Hambourg, a dit la chancelière allemande.
"Le danger est que le sommet aboutisse à une polarisation entre les Etats-Unis et le reste du monde sur des sujets comme le climat", s'inquiètent les analystes du cabinet Oxford Economics.
Sur le commerce, les Etats-Unis ont brandi des menaces de sanctions douanières contre la Chine, dans l'acier, et l'Allemagne, dans l'automobile notamment, en dénonçant les exportations excessives à leurs yeux de ces pays.
Sur l'aide au développement, Washington veut mettre l'accent sur les financements privés aux dépens de l'aide publique.
Au delà des sujets traditionnels du G20, les travaux du sommet - sans le roi Salmane d'Arabie saoudite qui a annulé sa venue - risquent d'être alourdis par une multitude de crises: guerre en Syrie, tensions dans le Golfe et en mer de Chine, crise nord-coréenne, et en apothéose, une première rencontre vendredi entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
Washington dit vouloir une relation plus "constructive" avec Moscou. Mais les relations sont au plus bas depuis le renforcement de sanctions contre Moscou pour son rôle dans la crise ukrainienne et les tensions au sujet de la Syrie. L'entrevue se déroulera en outre sur fond d'enquête aux Etats-Unis sur l'influence russe dans l'entourage de M. Trump.
Voilà pour ce qui se passera à l'intérieur de la zone sécurisée de cet important port du nord de l'Allemagne.
'Bienvenue en enfer'
A l'extérieur, des milliers de manifestants promettent "l'enfer" selon leur slogan.
Les organisateurs attendent au total sur plusieurs jours plus de 100.000 protestataires, tandis que la police estime à entre 7.000 et 8.000 le nombre d'extrémistes de gauche pouvant être violents, y compris venant de l'étranger.
Car Hambourg est un berceau contestataire historique. La police, qui a mobilisé plus de 20.000 agents, redoute en particulier une manifestation jeudi dont le mot d'ordre est "Welcome to hell" ("Bienvenue en enfer"). Une promesse et une dénonciation des méfaits des leaders du G20, selon un de ses promoteurs.
Isolés du tumulte, les conseillers des chefs d'Etat, baptisés "sherpas" dans le jargon diplomatique, vont veiller tard le soir pour tenter d'accoucher d'un projet de communiqué final et sauver les apparences.
Le résultat final risque d'être assez bref ou creux. Car comme l'a rappelé Angela Merkel, les communiqués du G20 doivent être "approuvés à l'unanimité".
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