La marche arc-en-ciel s'est ébranlée joyeusement vers 17h00 (15h00 GMT), sous un ciel bleu balayé de quelques nuages.
"Bienvenue ! Et que chacun soit ce qu'il veut être, nous sommes égaux et différents", criait euphorique l'Espagnole Laura Sopena, une actrice et chanteuse de 20 ans portant une couronne de fleurs.
Puis d'expliquer à l'AFP qu'elle est bisexuelle en couple avec un garçon transsexuel.
Cette cinquième édition de la "WorldPride parade" - après celle de Toronto en 2014 et avant celle de New York en 2019 - pourrait réunir un million de personnes voire deux, jusque tard dans la nuit, selon les autorités.
Sur la célèbre Plaza Mayor, Madrid, 3,1 millions d'habitants, affichait clairement son message couleur : "Quels que soient tes amours, Madrid t'aime".
Et les mots liberté", "égalité", "diversité" apparaissaient tout au long du parcours de la manifestation, de la gare d'Atocha à la place Colon.
En tête du défilé, les principaux partis espagnols - de droite comme de gauche - étaient - pour la première fois - tous représentés, derrière la banderole "pour les droits dans le monde entier des LGTBI" (lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexes).
La toute dernière lettre ajoutée au sigle, le I, se réfère aux personnes "intersexuées", nées avec des organes génitaux ni totalement masculins ni totalement féminins.
"Qui ça regarde, ce que je fais, ce que je dis ? Je suis comme ça, je reste ainsi et jamais je ne changerai !", clame l'hymne officiel de la manifestation, nouvelle version d'une chanson entonnée il y a 30 ans par la chanteuse mexico-espagnole Alaska.
Persécutions en Tchétchénie
Les couples homosexuels sont très nombreux à afficher leur relation au quotidien à Madrid et les marches annuelles "des fiertés" LGBT y attirent invariablement une foule immense d'homosexuels et d'hétérosexuels, où les drag-queens voisinent avec des mâles bodybuildés dénudés.
Mais la plupart des manifestants marchent simplement pour "normaliser ce qui est normal", résume l'organisateur Juan Carlos Alonso.
L'Espagne n'a abrogé qu'en 1979 la loi considérant les homosexuels comme des individus dangereux et passibles de peines de prison. Mais dès 2005, ce pays a fait sensation en autorisant le mariage entre personnes de même sexe.
L'Allemagne, quant à elle, a rejoint vendredi la liste des 20 pays occidentaux ayant légalisé le "mariage homo".
"Enfin, les politiques allemands ont pris conscience de la réalité", se félicitait Martin Hartz Vratil, un Berlinois de 37 ans venu participer à la parade avec son compagnon.
Le fossé se creuse entre les pays qui se veulent pionniers dans la protection de la "diversité sexuelle" et ceux qui traquent et répriment l'homosexualité.
Les organisateurs voulaient en particulier insister sur "la persécution intolérable" vécue par la communauté LGBTI en Tchétchénie (une république caucasienne de la Fédération de Russie).
Selon l'Association internationale LGBTI (ILGA), les relations sexuelles consenties entre hommes adultes restent illégales dans 72 pays et les rapports entre femmes dans 45.
"La peine de mort pour les actes sexuels entre personnes de même sexe peut encore être appliquée dans huit pays" ou dans certaines régions, rappelle l'ILGA, citant l'Iran, l'Arabie Saoudite, le Yémen, le Soudan, la Somalie, le Nigeria et les territoires contrôlés par l'organisation Etat islamique (EI) dans le nord de l'Irak et de la Syrie.
Chars sous protection
A Madrid, une partie de la communauté LGBT a dénoncé cette année la tournure trop mercantile prise par la WorldPride, avec la présence de chars parrainés par des multinationales.
Sur fond de craintes de nouveaux attentats en Europe, la capitale espagnole a par ailleurs mis en place de strictes mesures de sécurité, mobilisant 3.500 policiers, agents et pompiers rien que pour le défilé.
Pour la première fois, les chars circulent dans un périmètre protégé. Et l'identité de chacune des personnes autorisées à y monter a été vérifiée...
L'Espagne a été épargnée par les attentats meurtriers de l'EI qui ont frappé Londres, Paris, Bruxelles, Berlin. Mais c'est à Madrid qu'avaient eu lieu, en 2004, les attentats islamistes les plus meurtriers jamais commis en Europe, avec 191 morts.
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