Les principaux syndicats avaient dans un premier temps lancé un appel à la grève générale pour vendredi, finalement annulé il y a une semaine en raison de la faible adhésion à ce mouvement.
Contrairement à la dernière grande journée de mobilisation, le 28 avril, les transports en commun fonctionnaient normalement dans la plupart des grandes villes du pays.
La circulation a néanmoins été perturbée vendredi matin par des manifestants qui avaient placé des barricades pour bloquer des routes, notamment à Rio de Janeiro. Des pneus ont été brûlés sur les principales voies d'accès à la ville, provoquant des embouteillages monstre atteignant 70 km à l'heure de pointe, selon le site d'informations G1.
À Sao Paulo, capitale économique du pays, un groupe d'une vingtaine de personnes a installé des barricades pour bloquer une route du centre-ville, avant d'être dispersé par les forces de l'ordre à l'aide de grenades assourdissantes, a constaté un journaliste de l'AFPTV.
D'autres manifestations étaient prévues dans l'après-midi dans les rues des principales villes du pays.
Baisse du chômage
"Les grèves et manifestations sont les moyens que nous utilisons pour faire pression afin de pouvoir négocier sérieusement avec le gouvernement", a souligné Carlos Gonçalves, secrétaire général du syndicat Força Sindical.
Les manifestants protestent contre deux mesures phares du président Temer: la réforme des retraites et la libéralisation du marché du travail, qui doit être votée prochainement au Sénat.
La politique du gouvernement pour tenter de sortir le pays de la récession a été un peu confortée vendredi par l'annonce d'une baisse du chômage pour le deuxième mois consécutif, après deux ans et demi de hausse ininterrompue.
Ce taux reste extrêmement élevé (13,3% en mai), avec 13,8 millions de personnes à la recherche d'un emploi, mais le recul de 0,3 point par rapport à avril a surpris la plupart des analystes. André Perfeito, du cabinet Gradual, considère qu'il est trop tôt pour parler d'une "tendance", jugeant cette baisse "encore trop timide".
Il s'agit tout de même d'une bonne nouvelle pour Michel Temer, qui compte notamment sur les résultats économiques pour se maintenir au pouvoir malgré le scandale de corruption qui l'a considérablement fragilisé.
"Responsabilité et indépendance"
La semaine dernière, il est devenu le premier président brésilien en exercice de l'histoire à être formellement mis en accusation pour corruption.
L'acte d'accusation a été reçu jeudi par le Parlement, qui décidera si le chef de l'État doit être inculpé ou l'affaire classée.
Pour donner suite à cette procédure inédite, la demande de mise en accusation du procureur général doit être acceptée par les deux tiers des députés, ce qui permettrait à la Cour suprême d'entamer un procès.
Avant le vote en session plénière, une commission sera chargée de donner son avis, non contraignant.
"C'est un moment délicat, grave et nous devons faire preuve de responsabilité et d'indépendance", a affirmé le président de cette commission, Rodrigo Pacheco.
M. Temer est accusé de s'être "prévalu de sa condition de chef de l'État" pour recevoir des pots-de-vin de la part du géant de la viande JBS, par l'intermédiaire de l'ex-député Rodrigo Rocha Loures.
Arrêté au début du mois, cet ancien proche collaborateur du président a été filmé en train de recevoir une valise pleine de billets.
Vendredi, la presse brésilienne faisait état de rumeurs sur l'intention de M. Rocha Loures de collaborer avec la justice. Ses confessions pourraient être fatales au chef de l'État, dont le mandat ne tient déjà qu'à un fil.
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