"On va maintenant comprendre ce qu'il était en amour, en amitié et en tout", a dit à l'AFP son ami et conseiller sportif Robert Nouzaret.
Grand personnage du ballon rond -rond comme lui- depuis 40 ans, "Loulou" était connu pour ses sorties verbales, parfois carrément hors-jeu, sa faconde et sa bonne humeur. Avec sa gestion familiale du Montpellier Hérault, qu'il a créé en 1974 en 7e division, il a même remporté le titre suprême, champion de France en 2012.
Il l'avait fêté en se faisant une crête comme certains de ses jeunes joueurs, orange et bleue, les couleurs de son équipe, une excentricité bien dans son style. "Je me trouve intronchable", disait-il de sa coupe de cheveux provisoire.
Grand amoureux du sport, il possédait une collection inégalée de maillots et d'objets ayant appartenu à des sportifs, exposés dans son musée de Marsillargues (Hérault).
Sous le vernis du personnage se cachait aussi un vrai homme d'affaires. En 1977, il reprend l'entreprise Nicollin de ramassage d'ordures créée par son père Marcel au décès de celui-ci: il en fera un mastodonte national.
Aujourd'hui, l'entreprise brasse un chiffre d'affaires annuel d'environ 300 millions d'euros et a étendu ses activités à la gestion de l'eau et aux services de nettoyages urbains.
Vie de bâton de chaise
Mais Loulou était surtout connu pour son rôle de dirigeant omnipotent ("c'est moi qui mets les sous", répétait-il) de son équipe de foot.
Lyonnais de coeur, Louis avait été envoyé par son père dans sa filiale de Montpellier pour réfréner sa vie de bâton de chaise. Il se trouvera finalement très bien dans la ville du maire Georges Frêche, un de ses grands amis, décédé en 2010.
L'édile soutiendra le président quand l'équipe montera en puissance, les clubs de sport contribuant à promouvoir l'image de la ville.
Il laisse son club aux mains de son fils Laurent, président-délégué depuis des années, et en bonne situation. Après ses années de flambes au tournant des années 1980-1990, Loulou s'était assagi et avait investi dans la pierre, bâtissant un centre d'entraînement moderne et relançant le centre de formation. La Ville doit lui bâtir un stade pour 2022, mieux adapté que le trop grand stade de La Mosson.
Loulou est si célèbre qu'il est même devenu un héros de bande-dessinée, l'auteur Dadou racontant en gags les histoires les plus édifiantes de sa vie de dirigeant sportif ("Nicollin, poubelle la vie" ou "Nicollin, langue de but!!!").
'Pas mal pour un président un peu con...'
Le personnage de cet ami de Michel Platini (il passaient leurs vacances ensemble) s'est peaufiné à la fin des années 1980, quand il fit venir à grands frais les deux stars de l'équipe de France Espoirs, Éric Cantona et Stéphane Paille, décédé lui mardi, également le jour de son anniversaire (52 ans), comme une macabre coïncidence.
En 40 ans de carrière dans le foot, Loulou a recruté la star colombienne Carlos Valderrama, s'est fâché puis réconcilié avec son grand ami, Michel Mézy, l'homme qui lui offrit son premier trophée, la Coupe de France 1990 (à l'issue de laquelle il faisait la bise au président Mitterrand), et s'est aussi distingué en traitant Benoît Pedretti de "petite tarlouze".
Ses punchlines ont beaucoup fait pour sa gloire. Il a préféré Rolland Courbis à Carlo Ancelotti. "Les grands entraîneurs sont ceux qui gagnent des titres avec des demi-bons. Avec Courbis, on est montés en Ligue 1 avec des demi-mongoliens", racontait-il.
"Trahi" plus tard par le même Courbis, parti à Rennes en cours de saison, Loulou disait: "C'est pas les leçons d'un coach sans diplôme qui vont me faire quelque chose".
Il a traité la frange de ses supporters qui avaient lancé des pétards à Nice, en 2009, de "grosses merdes", et sa cellule de recrutement de "grosses bites".
"On a fait mieux que Michel Sardou au Zénith, 18.000 spectateurs pour une ville qui n'aime pas le football, pour un président qui est un peu con, pour un entraîneur qui achète les matches, pour un directeur sportif qui est nîmois..."
Le Nîmois, c'est Michel Mézy, car Nicollin jouait beaucoup de la rivalité avec le club rival, le Nîmes Olympique. Il y aura pris son dernier repas...
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