Député de La République en marche (REM), Gilles Le Gendre a défendu la décision du chef de l'Etat.
"Chacun est à sa place : le président de la République a décidé de réunir le Congrès pour s'adresser à l'ensemble de la représentation parlementaire, probablement pour cadrer de façon stratégique la manière dont allait se dérouler ce début de quinquennat. Et le lendemain, le Premier ministre fera une déclaration de politique générale qui permettra de rentrer dans les détails", a déclaré le député de Paris sur Sud Radio et Public Sénat.
Mais à droite, la critique est sévère. "Plus qu'une bizarrerie institutionnelle, c'est une faute politique", a jugé le député LR Guillaume Larrivé sur RFI. "Nous ne sommes pas dans un régime impérial où il s'agirait d'aller applaudir le nouveau prince qui s'exprimerait devant nous en toute irresponsabilité", s'est-il insurgé.
Pour Eric Ciotti (LR), "il n'y a plus de Premier ministre", "totalement relégué dans un rôle subalterne". Pour cet ancien soutien de Nicolas Sarkozy, "le rôle du Premier ministre a été de désintégrer, de désagréger la droite. (...) Pour le reste, il ne sert à rien", a-t-il dit sur RMC et BFMTV.
Les sénateurs LR "ne se laisseront pas intimider par une majorité massive tentée par l'hégémonie", a clamé leur chef de file, Bruno Retailleau.
'Nous n'irons pas'
Sans être "dupe de la démarche", selon les mots de M. Ciotti, le groupe LR de l'Assemblée a cependant décidé de se rendre à Versailles.
Ce ne sera pas le cas des députés de la France insoumise. "Nous nous rebellons et nous n'irons pas" à Versailles, a déclaré le président du groupe Jean-Luc Mélenchon lors d'un point de presse au Palais Bourbon, dénonçant un "franchissement de seuil dans la dimension pharaonique de la monarchie présidentielle" et "envisageant" d'organiser un événement sur la place de République "pour faire notre déclaration devant le peuple".
Le président du groupe socialiste, Olivier Faure, avait de son côté dénoncé avant même l'officialisation de la convocation du Congrès cette "humiliation" du Premier ministre dont le rôle, de "collaborateur" sous Nicolas Sarkozy, deviendrait celui d'un "simple répétiteur" avec Emmanuel Macron.
Député PS du Val-de-Marne, Luc Carvounas s'est montré plus mesuré jeudi. "Il ne va pas humilier le Premier ministre, on l'a déjà vu dans tous les quinquennats, le président de la République, c'est le patron".
"Sauf que là, ça va beaucoup plus vite", a-t-il nuancé sur LCI. "Ca va commencer à se voir que ça n'a rien de moderne, qu'on est plutôt dans un pouvoir très centralisateur, c'est les institutions qui font ça".
Pour sa part, la présidente du FN et députée du Pas-de-Calais Marine Le Pen a estimé qu'elle n'avait "aucune raison" de ne pas se rendre à Versailles. "Je veux écouter ce que le président a à dire, car il ne veut plus s'adresser aux journalistes qui ont une pensée trop complexe", a-t-elle grincé dans les couloirs du Palais Bourbon, en soulignant que "le discours du Premier ministre" mardi "perd de son intérêt".
Quant aux députés communistes du groupe de la gauche démocrate et républicaine, ils devaient encore se réunir pour décider s'ils assisteront à ce discours, alors que le parti communiste a appelé dans un communiqué à un "rassemblement" pour "protester contre le coup de force institutionnel d'Emmanuel Macron".
Depuis la révision constitutionnelle de 2008, le président de la République peut s'adresser au Parlement réuni en Congrès à Versailles. Nicolas Sarkozy avait usé de cette prérogative en 2009, de même que François Hollande en novembre 2015, après les attentats de Paris et Saint-Denis, mais aucun des deux ne l'avait fait en début de mandat.
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