Mardi, le Comité d'éthique, saisi en 2013, s'est prononcé pour l'ouverture de la procréation médicalement assistée - qui désigne l'ensemble des techniques médicales permettant d'avoir un enfant (fécondation in vitro, don de sperme...) - aux couples de femmes et aux femmes célibataires.
"Ca faisait presque un quinquennat...", sourit Catherine Michaud, présidente de Gaylib, une association liée à l'UDI. "On aura attendu longtemps, mais pour une bonne nouvelle. Maintenant, il faut se mettre au travail", dit-elle à l'AFP.
La "PMA pour toutes", revendication de longue date des associations féministes et LGBT, était une promesse du candidat François Hollande. Mais l'ancien président était revenu sur cet engagement après la controverse autour du mariage pour tous.
Fatima Benomar, la fondatrice de l'association Les effronté-e-s, "espère" que le gouvernement profitera de sa majorité à l'Assemblée pour "tenir rapidement sa promesse". Et ce afin d'éviter, selon elle, que les "détracteurs de l'égalité" ne "stigmatisent encore une fois les couples lesbiens via d'interminables débats".
La procréation médicalement assistée est aujourd'hui réservée aux couples hétérosexuels infertiles ou risquant de transmettre une maladie grave à l'enfant.
En avril, en pleine campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait indiqué, dans un courrier aux associations LGBT, qu'il attendrait que le Comité d'éthique "ait rendu son avis" pour "construire un consensus le plus large possible". Il s'était dit "favorable" à une loi ouvrant la PMA "aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires".
Son mouvement En Marche! s'était prononcé en mai pour l'ouverture de cette pratique à "toutes les femmes", via son porte-parole d'alors, Benjamin Griveaux, désormais secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie.
La Manif pour tous aux aguets
"Mais depuis qu'il est élu, ni Macron ni son gouvernement n'ont rien dit sur le sujet", regrette Joël Deumier, le président de l'association SOS homophobie. "Il faut qu'ils sortent de leur silence, qu'ils disent quel calendrier législatif est envisagé!"
Mardi, la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa a évoqué l'hypothèse de "faire passer la PMA dans le cadre de la loi de bioéthique", prévue "a priori" en 2018, et souhaité un débat "le plus court possible pour éviter "de recrisper la société".
L'attitude de l'exécutif sera d'autant plus scrutée qu'à l'époque où il était dans l'opposition de droite, Edouard Philippe, devenu depuis Premier ministre, avait cosigné en février 2013 une tribune avec Nathalie Kosciusko-Morizet. Il disait s'"opposer résolument à la PMA pour les couples homosexuels féminins".
Les opposants traditionnels, Manif pour tous en tête, mettent d'ores et déjà en garde l'exécutif.
"Ce serait une erreur majeure que de rouvrir ce sujet", avertit sa présidente Ludovine de la Rochère. Emmanuel Macron "s'est engagé à de multiples reprises à rassembler les Français. Or ce sujet les diviserait sensiblement, comme sous François Hollande", déclare-t-elle à l'AFP.
Les débats sur le mariage homosexuel avaient mis au jour les fractures au sein de la société sur les questions liées à la famille. Des dizaines, parfois des centaines de milliers de manifestants avaient manifesté contre la loi Taubira, finalement votée en 2013.
La Manif pour tous, qui s'est beaucoup mobilisée depuis contre la PMA, qualifiée de "détournement de la médecine" qui "piétine les droits de l'enfant", ne réfléchit toutefois pas pour l'heure à organiser de nouvelles manifestations. "On n'en est pas là", dit Mme de la Rochère.
Mais l'association anti-avortement Alliance vita se dit "prête à redescendre dans la rue".
La crainte d'un nouveau débat sociétal dissuadera-t-elle l'exécutif? Clémence Zamora-Cruz, porte-parole de l'Inter-LGBT, minimise: "La Manif pour tous fait du bruit, car elle a de la résonance médiatique. Mais cela reste une minorité", qui vient de "prendre une raclée aux élections".
Sens commun, son émanation politique, avait été un soutien fervent de François Fillon, défait dès le premier tour de la présidentielle. La Manif pour tous a ensuite appelé à voter au second tour contre Emmanuel Macron.
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