Le chef de la majorité Mitch McConnell l'a annoncé à son groupe lors d'un déjeuner au Capitole, constatant le fossé infranchissable qui séparait les ailes modérée et ultra-conservatrice du parti.
"Nous allons continuer à discuter au sein du groupe pour résoudre nos différends. Par conséquent, nous n'examinerons pas la proposition de loi cette semaine", a annoncé Mitch McConnell. "Nous restons optimistes", a-t-il toutefois ajouté.
Selon un sénateur, l'objectif serait de revenir à la charge la semaine du 10 juillet. Dans tous les cas, les leaders parlementaires ont laissé entendre qu'ils n'entendaient pas persister au-delà du 1er août, quand le Congrès partira en vacances d'été.
Le projet de réforme visait à concilier la promesse d'abrogation de la loi démocrate de 2010, tout en élaborant un système alternatif et libéralisé pour éviter de couper l'herbe sous le pied à la vingtaine de millions d'Américains qui ont pu souscrire une couverture maladie grâce à Obamacare.
Mais les conservateurs jugent que le compromis ne desserre pas assez le carcan d'Obamacare et restera très onéreux pour les finances publiques. Les modérés, à l'inverse, estiment inacceptable de voter pour une loi qui feraient de facto remonter le nombre de personnes sans assurance aux niveaux pré-Obamacare.
"Nous n'avons pas de sujet aussi emblématique que celui-ci. C'est la plus grande promesse que nous ayons jamais faite à l'époque moderne", avait insisté mardi Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants, où une première mouture de la réforme républicaine a été adoptée au forceps en mai, à la seconde tentative.
Le Sénat compte 100 membres, dont 52 républicains. Or au moins cinq étaient prêts à voter contre l'ouverture des débats dans la chambre haute du Congrès. Préférant éviter un échec certain, la majorité a préféré renoncer et se donner quelques semaines de plus, afin de négocier avec les élus réfractaires.
Tous avaient rendez-vous mardi après-midi à la Maison Blanche, à l'invitation de Donald Trump.
La bataille continue
Le système de santé américain est un enchevêtrement de responsabilités publiques et privées, nationales et locales. La réforme républicaine n'affecterait pas directement la moitié des Américains qui sont assurés par leur employeur. Elle ne toucherait pas non plus à la couverture médicale publique offerte aux plus de 65 ans, Medicare.
En revanche, elle s'attaquerait au programme Medicaid, qui couvre les plus pauvres et les handicapés. Les dépenses Medicaid augmentent chaque année selon une trajectoire insoutenable, à terme. Les républicains veulent progressivement les plafonner, ce qui conduirait à radier quelque 15 millions de personnes d'ici 2026, selon un rapport du Bureau du budget du Congrès (CBO).
"On ne peut pas transformer l'Etat fédéral en organisation de santé, il n'y aurait plus d'argent pour la Défense ou le reste du gouvernement", justifiait le sénateur républicain Lindsey Graham.
L'autre catégorie d'assurés affectés est ceux qui, grâce aux aides financières d'Obamacare, ont pu souscrire une couverture maladie privée sans bénéficier de tarifs de groupes: salariés de PME, artisans, travailleurs indépendants...
Ces assurés verraient leurs aides réduites et ne bénéficieraient plus forcément des protections inscrites dans la loi par Obamacare, notamment l'obligation de couvrir des soins essentiels comme la maternité ou l'addiction aux opiacés.
Face à ce rebondissement, les démocrates, minoritaires, n'ont pas crié victoire, prévenant que la bataille continuerait en coulisses pour rattraper les frondeurs, par exemple avec des aides spécifiques aux Etats qu'ils représentent.
"Nous savons que le sénateur McConnell va tenter d'acheter les républicains avec des accords secrets", a déclaré Chuck Schumer, leur chef de file.
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