Avant le début de l'audience, Mme Huret, 44 ans, a dit "assumer" ses actes, alors qu'elle est jugée pour "aide à l'entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d'un étranger en France en bande organisée", encourant une peine de dix ans de prison. Trois autres prévenus - un "No border" français, une Française mère de quatre enfants et un Iranien de 26 ans - sont également à la barre pour le même motif.
"J'attends de ce procès qu'on comprenne ce que j'ai fait et pourquoi je l'ai fait. Je sais ce que j'ai fait. J'assume parfaitement d'avoir acheté un bateau, de l'avoir mis à l'eau, de les (trois Iraniens, ndlr) avoir transportés jusqu'à la plage", a dit Mme Huret, 44 ans, habillée en costume sombre et portant de hauts talons.
"Le but de ma vie c'est lui (Mokhtar, ndlr). Je suis prête à lui donner ma vie. La seule chose qui m'embêtera, c'est de ne plus voir Mokhtar si je suis en prison", a ajouté Mme Huret qui est désormais inscrite au chômage.
Veuve depuis 2010 d'un mari travaillant à la Police aux frontières (PAF), Béatrice Huret menait une vie routinière. Sa vie bascule une première fois en février 2015 lorsqu'elle prend en stop un jeune Soudanais pour l'accompagner à la "Jungle".
Elle décide alors de s'y rendre régulièrement comme bénévole. Elle est bouleversée par la manifestation d'un groupe d'Iraniens qui s'étaient cousu la bouche pour protester contre le démantèlement d'une partie du camp... Et ressent "un coup de foudre" pour l'un d'eux, Mokhtar, leur porte-parole, alors âgé de 35 ans, converti au christianisme.
Après avoir perdu sa trace, elle accepte plus d'un an plus tard d'accueillir Mokhtar et un autre Iranien à son domicile, qui tentent vainement de passer en Angleterre en camion.
Après avoir acheté sur le "Bon coin" un bateau, elle organise avec Laurent C., autre prévenu, leur traversée le 11 juin 2016 au départ de Dannes, entre Le Touquet et Boulogne, avec deux autres passagers iraniens.
Après une journée d'angoisse, elle découvre sur le site du Daily Mail que "trois migrants iraniens ont été secourus par les garde-côtes" alors que l'embarcation chavirait. Transféré dans un foyer du nord de l'Angleterre, Mokhtar a obtenu depuis le statut de réfugié et reçoit régulièrement la visite de Mme Huret, à en croire la prévenue.
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