"Les analyses ADN ont permis de prouver que ces restes correspondaient à Salvador Adame", propriétaire d'une télévision locale enlevé par des hommes armés le 18 mai, a déclaré le procureur de Michoacan, José Martin Godoy, lors d'une conférence de presse.
Le cadavre du journaliste quadragénaire a été découvert le 14 juin par des policiers et des militaires près de la route entre Lombardia et Nueva Italia, a précisé le procureur.
L'enlèvement de Salvador Adame, qui dirigeait la chaîne Canal 6TV, avait eu lieu trois jours après la mort du journaliste Javier Valdez, spécialiste du narcotrafic et pigiste de l'AFP, abattu en plein jour à Culiacan dans l'Etat de Sinaloa (nord-ouest). Sa mort par balle avait suscité une vague d'indignation internationale.
Le chef de l'Etat Enrique Peña Nieto s'était alors engagé à renforcer et étendre les mécanismes de protection des reporters, ainsi qu'à combattre l'impunité dans un pays où plus de 90% de ce type de crimes restent impunis.
Depuis 2000, plus de 100 journalistes ont été tués dans ce pays. Selon Reporters sans frontières (RSF), le Mexique est le troisième pays le plus dangereux au monde pour exercer l'activité de journaliste après la Syrie et l'Afghanistan.
Enquêtes au point mort
Depuis le début d'année, au moins cinq autres journalistes ont été tués dans différents Etats du Mexique : Cecilio Pineda, Ricardo Monlui, Miroslava Breach, Maximino Rodriguez et Javier Valdez.
Dans la quasi-totalité des enquêtes, aucune avancée n'a été signalée.
Si dans le cas de Maximino Rodriguez - un journaliste travaillant pour le blog Colectivo Pericu abattu en Basse Californie (nord-ouest) -, les autorités ont affirmé avoir arrêté quatre suspects et déterminé le mobile du crime, ils n'ont toutefois pas identifié le commanditaire.
Comme un aveu d'impuissance, le ministère mexicain de la Justice a offert le 14 juin 81.500 dollars pour toute information permettant de remonter aux assassins de Pineda, Valdez, Rodriguez et Breach.
Plusieurs manifestations se sont déroulées dans le pays, un mois après la mort de Javier Valdez, pour réclamer justice.
Les autorités se refusent par ailleurs le plus souvent à fournir des informations, y compris aux familles, se retranchant derrière l'enquête en cours.
Selon Balbina Flores, qui mène ses propres investigations pour RSF au Mexique, la réalité est qu'ils ne font "presque rien".
Depuis 2006, l'année où le gouvernement a déployé l'armée dans le pays pour lutter contre les cartels, au moins une centaine de journalistes ont été tués et plus de 20 sont portés disparus.
Plus de 200 autres ont survécu à une attaque par des membres de cartel.
Parce qu'ils ont été victimes d'agressions directes ou du simple fait de l'exposition quotidienne à la violence, beaucoup de journalistes souffrent de stress post-traumatique (PTSD).
Selon une étude réalisée l'an dernier portant sur 246 reporters travaillant au Mexique, 41% souffraient de symptôme du PTSD, 77% souffraient d'anxiété et 42% de dépression.
Les correspondants étrangers travaillant au Mexique ont adressé en mai une lettre aux autorités pour réclamer la fin de l'impunité qui alimente le cercle vicieux des violences contre les reporters.
De son côté, des journalistes américains avaient lancé en juin un mouvement demandant aux médias de publier des articles sur Javier Valdez et d'y associer le mot-clé "#nuestravozesnuestrafuerza" (Notre voix est notre force) pour marquer le premier mois de sa mort.
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