"Aujourd'hui nous avons conclu un accord avec le parti conservateur pour soutenir le gouvernement au Parlement", a déclaré la cheffe du DUP, Arlene Foster en quittant Downing Street.
Elle a annoncé que l'Irlande du Nord allait recevoir un milliard de livres (1,1 milliard d'euros) supplémentaires au cours des deux prochaines années dans le cadre de cet accord.
Cet argent va "stimuler l'économie et l'investissement dans de nouvelles infrastructures ainsi que dans l'avenir de nos secteurs de la santé et de l'éducation", a-t-elle détaillé.
Dans un communiqué, Theresa May s'est "félicitée de cet accord qui va nous permettre de travailler ensemble dans l'intérêt de l'ensemble du Royaume-Uni et nous donner la certitude dont nous avons besoin alors que nous lançons notre sortie de l'Union européenne".
Avec 317 sièges de députés, un score très en deçà de ses espérances aux législatives anticipées du 8 juin, la dirigeante conservatrice était dans l'obligation de faire alliance avec le DUP, dont les dix élus lui permettent d'atteindre les 326 sièges requis pour retrouver une majorité absolue à la chambre des Communes.
Le DUP va soutenir le gouvernement sur le budget, les projets de lois liés à la sortie du pays de l'UE, ceux touchant à l'économie, la sécurité nationale ainsi que sur toutes les motions de confiance. Pour le reste, il s'agira "d'un accord au cas par cas", précise le texte de l'accord.
Il permet aux conservateurs d'envisager désormais sereinement le vote de confiance sur le programme gouvernemental prévu jeudi au Parlement.
Le Parti libéral-démocrate, dans l'opposition, a immédiatement réagi en jugeant que "le peuple ne serait pas +DUPe+ de ce petit accord bas de gamme".
Une alliance qui inquiète
Le Premier ministre gallois Carwyn Jones a fustigé un accord "scandaleux" et "inacceptable" qui "tue le financement équitable des nations et régions" du Royaume-Uni.
Même consternation pour le parti indépendantiste écossais SNP, qui estime que "les aspects financiers de cet accord résument la façon dont les conservateurs se soucient peu de l'Ecosse".
"Les députés SNP vont demander que l'Ecosse obtienne une part juste de tout financement versé à l'Irlande du Nord", a ajouté le parti.
L'alliance avec le petit parti ultra-conservateur, opposé au mariage homosexuel et à l'avortement, inquiète au Royaume-Uni comme en Irlande.
Des élus ou ex-élus du parti, adeptes de courants créationnistes comme la Caleb Foundation, se sont prononcés en faveur de la peine de mort et ont mis en doute le changement climatique.
Michelle O'Neill, la dirigeante du Sinn Fein, formation historique des nationalistes catholiques nord-irlandais, a elle mis en garde contre une alliance qui "saperait l'accord du Vendredi saint", qui avait mis fin en 1998 à 30 ans de violences dans la province britannique. Une inquiétude partagée par l'exécutif irlandais à Dublin.
L'alliance entre le DUP et le gouvernement pose en effet la question de la neutralité de l'exécutif britannique en Irlande du Nord.
Pour tenter de rassurer, l'accord stipule que "le DUP ne sera aucunement impliqué dans le rôle joué par le gouvernement britannique dans les discussions politiques en Irlande du Nord".
Entamées peu après les résultats des élections du 8 juin, les discussions entre Mmes May et Foster étaient passées au second plan en raison du terrible incendie qui a ravagé le 14 juin à Londres la Tour Grenfell, un immeuble de logements sociaux, dans lequel 79 personnes sont mortes.
C'est très affaiblie et critiquée pour sa gestion du drame que Theresa May a entamé lundi dernier les difficiles négociations sur la sortie de l'Union européenne.
Mercredi, elle a présenté un programme de gouvernement expurgé de toute mesure qui fâche et orienté sur le travail colossal qui attend le pays pour sortir de l'UE.
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