Comptes bancaires à l'étranger, trafic d'emplois publics ou encore don de la secte Moon: dans un pays qui reste enfoncé dans la pauvreté malgré la richesse de son sous-sol, ces scandales risquent d'éloigner les électeurs des bureaux de vote.
Ceux-ci ont ouvert dans la matinée et les électeurs ont commencé à se rendre aux urnes, souvent installées dans des yourtes perdues au fond des immenses steppes dans ce pays d'éleveurs et de cavaliers.
"Nous sommes obligés de choisir entre le moins pire des trois", résume Dugersurengiin Sukhjargalmaa, membre d'une association qui milite pour l'égalité des sexes.
Le président sortant, Tsakhia Elbegdorj, ne se représente pas, car il a déjà exercé deux mandats de quatre ans. Il est issu du Parti démocrate (PD), passé à l'opposition depuis que le Parlement est aux mains du Parti du peuple mongol (PPM).
Son successeur sera issu de l'un de ces deux partis ou d'une troisième formation, le Parti révolutionnaire du peuple mongol (PRPM), qui pourrait forcer l'organisation d'un deuxième tour, une première le cas échéant dans l'histoire de la jeune démocratie, coincée entre Chine et Russie.
'Jusqu'aux genoux'
Le candidat de la majorité parlementaire, Mieygombo Enkhbold, est un ancien Premier ministre accusé d'avoir tenté de monnayer des emplois publics contre de l'argent. Son rival du PD, Khaltmaa Battulga, est soupçonné de détenir des comptes à l'étranger. Quant au troisième homme, Sainkhuu Ganbaatar, il lui est reproché d'avoir touché un don de 40.000 euros de la secte Moon.
"Tous les trois sont enfoncés jusqu'aux genoux dans les scandales", observe Mogi Badral Bontoi, qui dirige un cabinet d'études de marché. "Il s'agit probablement de la campagne électorale la plus négative de nos 27 années de démocratie".
Les scandales ont volé la vedette aux problèmes économiques: la Mongolie, 3 millions d'habitants, a subi de plein fouet ces dernières années la chute des cours du cuivre, son principal poste d'exportation, et du ralentissement de la croissance chez son grand voisin chinois.
La croissance est tombée l'an dernier à 1%, très loin des 17% de 2011. Le chômage, principale préoccupation des électeurs, touche 9% de la population active.
Le futur président aura pour l'aider un plan de redressement de 5,2 milliards d'euros, financé en partie par le Fonds monétaire international.
L'abstention menace
La mauvaise humeur des électeurs pourrait se ressentir sur le taux de participation et le nombre de bulletins blancs. Or, l'élection ne peut être validée que si 50% des électeurs se sont exprimés.
Le taux de participation est monté jusqu'à 90% par le passé mais était déjà tombé à 64% lors du dernier scrutin présidentiel en 2013.
"Je ne voterai pas lors de cette élection", prévient Tuul, une ménagère de 37 ans. "Tous des escrocs, des menteurs, des oligarques", tranche-t-elle à propos des trois candidats.
"Rien ne différencie vraiment les candidats", observe Julian Dierkes, spécialiste de la Mongolie à l'Université de Colombie britannique (Canada). Selon lui, les électeurs pourraient simplement choisir soit de renforcer les pouvoirs du PPM, soit de maintenir l'équilibre des pouvoirs avec un Parlement et une présidence contrôlés par des partis opposés.
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