A l'issue d'un conseil d'administration tenu à l'aube, le groupe a annoncé avoir enclenché la procédure de redressement judiciaire, "à la fois auprès d'un tribunal de Tokyo et aux Etats-Unis".
Outre sa filiale américaine, basée dans l'Etat du Delaware, qui s'est placée sous la protection du chapitre 11 sur les faillites, ses différentes unités, situées notamment en Chine et au Mexique, sont concernées.
L'ancien numéro deux mondial des airbags a précisé avoir conclu un accord pour transférer ses activités à Key Safety Systems (KSS), un équipementier américain contrôlé par le chinois Ningbo Joyson Electronic, pour le montant de 175 milliards de yens (1,4 milliard d'euros).
La combinaison des deux ensembles Takata/KSS formera "un fournisseur de premier plan avec environ 60.000 salariés dans 23 pays", a détaillé KSS dans un communiqué distinct, promettant de maintenir les effectifs de Takata et ses usines au Japon.
"KSS va acquérir l'essentiel de Takata, à l'exception de certains actifs et opérations liés aux coussins de sécurité" mis en cause dans le scandale, a déclaré la firme américaine. La transaction doit être bouclée "au premier trimestre 2018".
Les modèles incriminés utilisent du nitrate d'ammonium sans agent desséchant, et donc incapable d'absorber l'humidité, ce qui peut conduire au fil du temps et dans des conditions climatiques extrêmes à sa dégradation et à de dangereuses explosions, avec la projection de fragments sur le conducteur ou le passager.
Takata, société née en 1933, avait commencé à avoir recours à ce corps chimique dans les années 2000. La firme a semble-t-il été alertée rapidement du problème mais a tardé à réagir, jusqu'à ce que le scandale éclate au grand jour en 2014.
Pluie de plaintes et rappels
Le PDG de Takata, qui a longtemps repoussé le scénario de la faillite, refusant de lâcher les rênes, s'est officiellement félicité du choix de KSS, "un repreneur idéal". Shigehisa Takada, héritier de la famille fondatrice, doit s'exprimer dans la journée.
Malgré cette affaire, "la force d'une main-d'oeuvre compétente, de sa présence géographique et ses exceptionnels volants, ceintures de sécurité et autres produits de sécurité n'a pas diminué", a commenté de son côté Jason Luo, PDG de KSS.
Quant à la marque, elle est vraisemblablement amenée à disparaître une fois l'affaire soldée, ce qui pourrait prendre du temps.
Takata avait fait un grand pas en concluant en début d'année un règlement avec les autorités américaines: accusé d'avoir dissimulé pendant des années le problème, il a plaidé coupable et s'est engagé à verser une amende d'un milliard de dollars afin d'échapper à un procès pénal.
Mais de nombreuses plaintes civiles restent en cours, en particulier aux Etats-Unis, pays le plus touché, et des millions de véhicules doivent encore être rapportés au garage sur les 100 millions d'airbags rappelés au total dans le monde.
Selon les estimations avancées dans la presse, la compagnie japonaise laisse une ardoise de plus de 1.000 milliards de yens (plus de 8 milliards d'euros), ce qui marque la plus importante faillite d'un industriel dans le Japon d'après-guerre.
Honda, premier client de Takata, a d'ores et déjà prévenu qu'il avait peu d'espoir de "récupérer" les importantes sommes dépensées pour remplacer les airbags, tout en assurant que l'impact sur ses résultats financiers de l'année en cours serait "limité" étant donné que de l'argent a déjà été mis de côté.
Une dizaine d'autres constructeurs sont concernés, parmi lesquels Toyota, Nissan ou encore BMW, Ford et General Motors.
A la Bourse de Tokyo, les transactions sur le titre Takata ont été suspendues lundi, avant sa radiation définitive de la cote le 27 juillet.
Les rumeurs de faillite avaient fait plonger la semaine dernière l'action des trois-quarts de sa valeur. Depuis la révélation publique de l'affaire début 2014, elle a fondu de 95%.
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