Dans le grand renouvellement des législatives, l'Assemblée a perdu plus de cinq ans de moyenne d'âge en passant de 54 ans en 2012 à environ 49 ans en 2017, un niveau jamais vu depuis 1981. Ils sont 28 députés à ne pas avoir la trentaine, alors qu'il n'y avait qu'une élue dans cette catégorie en 2012, Marion Maréchal-Le Pen (FN).
Les députés de La France insoumise (LFI) sont en moyenne les plus jeunes (43 ans et 4 mois), devant ceux de la République en Marche (45 ans et demi). Suivent le FN et Les Républicains, devant le PS, les communistes et l'UDI.
Parmi ces nouveaux venus, arrivés pour certains en baskets au Palais Bourbon, Ludovic Pajot, 23 ans, élu FN du Pas-de-Calais, dit à l'AFP sa "fierté" d'être le benjamin de l'Assemblée.
Ce jeune homme, qui a fait des études de droit, fera partie mardi du "bureau d'âge" lors de la première séance, présidée par le doyen, le LR Bernard Brochand, 79 ans, assisté des six plus jeunes. Cette mission ne semble pas du tout intimider cet élu local (conseiller municipal et conseiller régional des Hauts-de-France).
Elu de La République en marche (REM), qui a fait du renouvellement son credo, Damien Adam, 27 ans (Seine-Maritime), estime lui aussi que l'âge n'est "pas un handicap", comme Fannette Charvier (REM, Doubs), 32 ans, pour qui "l'Assemblée a besoin d'être représentative de la société".
Pour Damien Adam, diplômé d'une école de commerce, c'est plutôt "ceux qui sont habitués aux codes de l'Assemblée qui vont être perturbés, qui vont peut-être mal le vivre".
Gabriel Attal (REM, Hauts-de-Seine), 28 ans, se sent investi de la "responsabilité de montrer que la jeunesse fait son entrée", alors que, "jusqu'à présent, on avait l'impression que les jeunes parlementaires c'étaient des FN".
"Pendant la campagne, on était une quinzaine de candidats de moins de 30 ans et on était en contact SMS, on s'échangeait nos impressions, nos conseils car c'est un peu impressionnant", confie-t-il, espérant garder ce lien de "solidarité générationnelle".
'Ne pas faire de jeunisme'
"On sait qu'on est attendus au tournant", reconnaît Adrien Quatennens (LFI), 27 ans, qui se dépeint toutefois comme un "militant politique aguerri". Cet élu du Nord confie avoir ressenti "le poids de l'Histoire" en arrivant à l'Assemblée.
"Il ne faut pas faire de jeunisme", considère cet "insoumis", jugeant que, chez REM, c'est "du renouvellement sans changement, avec des jeunes personnes qui portent de vieilles idées libérales".
Ugo Bernalicis, son collègue LFI du même âge et même département, n'a pas l'impression de "peser moins lourd" qu'un Jean-Luc Mélenchon et se voit siéger "dans une commission prestigieuse".
Il compte même faire de son âge un atout: "nos adversaires vont nous sous-estimer, et on en profitera..."
Côté LR, où de nombreux sortants ont été réélus, Robin Reda, 26 ans et une "expérience de trois ans d'élu local" dans l'Essonne (il est maire de Juvisy-sur-Orge), fera lui aussi partie du "bureau d'âge".
Considèré par certains comme une étoile montante de la droite,l'édile au look de jeune premier veut croire à une prise de conscience dans son camp quant à l'"atout jeunesse". Mais "dire que le groupe LR n'est pas enfermé sur quelques traditions serait mentir", selon lui.
Il vise la commission des Finances ou des Affaires économiques, des postes "généralement +trustés+", espérant que la droite montrera "qu'elle n'envoie pas ses vieux briscards dans les commissions les plus prestigieuses". Sinon, cela créera des "frustrations".
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