"J'aurai à coeur de mettre mes anciens savoir-faire au service du ministère des Armées", a assuré cette spécialiste du budget lors d'une visite aux soldats de l'opération Sentinelle à Paris.
"Je suis heureuse, fière et en même temps consciente de la lourdeur et de la gravité des responsabilités qui me sont confiées", a ajouté Florence Parly, qui a succédé mercredi à Sylvie Goulard, restée un mois en fonction.
La nomination de cette ancienne conseillère budgétaire puis secrétaire d'État au Budget (2000-2002) du socialiste Lionel Jospin, avant une carrière chez Air France et à la SNCF, suscite beaucoup d'interrogations dans les armées qui réclament plus de moyens pour assurer leurs missions, face aux menaces terroristes.
Certains redoutent qu'une ministre plus "techno" que politique ne puisse tenir tête à Bercy qui a souvent considéré les armées comme une variable d'ajustement du budget, et monter au feu pour réclamer les arbitrages nécessaires à l'Élysée.
'Pas de perturbateur'
"Je pense que pour Emmanuel Macron, la priorité est à la manoeuvre économico-budgétaire. Dans cet esprit il ne faut pas que le ministre de la Défense soit un +perturbateur+, notamment au sens budgétaire, en instrumentalisant les actualités militaires sur le plan budgétaire", relève un haut gradé.
Le départ au Quai de Jean-Yves Le Drian qui avait menacé de démissionner sous François Hollande s'il n'obtenait pas gain de cause face à Bercy, a aussi été interprété comme un signal en ce sens.
Le député François Cornut-Gentille (LR), spécialiste des questions de défense, va encore plus loin, estimant qu'avec Florence Parly, "c'est un peu Bercy qui s'installe à Brienne".
L'effort à fournir pour que le budget des armées atteigne 2% du PIB d'ici à 2025, engagement récurrent du président Macron, est de l'ordre de deux milliards d'euros par an, une marche annuelle importante qui pourrait selon le député être "remise en cause".
"Les gens optimistes disent +Florence Parly connaît Bercy de l'intérieur+", c'est une bonne nouvelle, elle saura défendre les intérêts des armées, relève le député LR. Mais de l'autre côté on a une situation budgétaire vraiment explosive", s'alarme-t-il.
Sylvie Goulard avait déjà jeté un froid en avertissant qu'il faudrait nécessairement opérer des "arbitrages" dans un "contexte budgétaire et général très contraint".
Coût humain
A peine nommée, elle avait découvert des gels de crédits à hauteur de 2,7 milliards pour son ministère en 2017 sur lesquels la nouvelle majorité va devoir se prononcer à la lumière d'un prochain audit budgétaire.
Les armées sont surengagées sur nombre de théâtres d'opérations, avec des matériels parfois vétustes, comme le VAB (véhicule de l'avant-blindé), vieux de 50 ans, et des besoins capacitaires criants dans certains domaines comme les hélicoptères et le ravitaillement en vol.
Samedi, Florence Parly a aussi pu mesurer ce surengagement auprès des soldats du 152e régiment d'infanterie déployés à Paris depuis début juin après avoir passé quatre mois au Mali.
"Sur 2016/2017, la plupart de nos hommes sont à plus de 250 jours d'absence de leur garnison" et donc d'éloignement de leur famille, un "coût humain" important, a souligné leur chef de corps, le colonel François-Régis Dabas.
La nouvelle ministre avait déjà envoyé de premiers signaux vendredi en direction des armées en s'engageant à leur fournir les "meilleurs équipements" sur les théâtres d'opérations.
Le Premier ministre Édouard Philippe a aussi réaffirmé vendredi l'objectif d'un budget défense à 2% du PIB, sans préciser comment il comptait y parvenir ni selon quel calendrier.
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