Sur les 1.700 fonctionnaires de la PJ parisienne, ils sont déjà plus de 600 à avoir investi leur nouvelle adresse dans le 17e arrondissement: rue du Bastion, au... 36. Pour regrouper des services éclatés aux quatre coins de Paris, les autorités ont décidé d'investir un lieu unique, la cité judiciaire des Batignolles, un quartier encore en construction.
Parmi les 600 premiers à avoir déménagé, la Brigade financière, qui a quitté ses locaux du 13e arrondissement.
A l'exception de la Brigade de recherche et d'investigation (BRI) qui restera, la majorité des services sis quai des Orfèvres, dont "la crim" et "les stups", quitteront les lieux en septembre. Et laisseront derrière eux les 148 marches de lino usé par policiers et criminels, parfois entrés dans la légende, menant aux petits bureaux sous les toits mansardés.
"C'est une page d'Histoire qui se tourne", reconnaît auprès de l'AFP le préfet de police Michel Delpuech.
Les murs jaunis de cette bâtisse à deux pas de la cathédrale Notre-Dame, avec vue sur la Seine, pourraient en effet raconter le docteur Petiot, arrêté en 1944 après la découverte à son domicile parisien des restes de vingt-sept personnes, le baron Edouard-Jean Empain, libéré après avoir été enlevé pendant 63 jours en 1978, mais aussi Jacques Mesrine, "l'ennemi public numéro un", le tueur en série Guy George....
Certaines affaires ont aussi laissé leurs empreintes. Tel ce grand filet tendu au dessus d'une mezzanine, installé après qu'une figure du groupe Action directe, Nathalie Ménigon, avait tenté de se jeter dans le vide en 1984.
Le "36", une adresse connue aussi bien en France qu'à l'étranger, a aussi été témoin des visites amicales de Serge Gainsbourg, grand copain des "flics", et d'acteurs attachés aux lieux, comme Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, encore présents en septembre dernier à l'ultime remise du prix littéraire du Quai des Orfèvres.
'Complications'
Autre ambiance aux Batignolles: le nouveau bâtiment, adossé au futur palais de justice, est tout de béton et de verre. Au total, 30.000 m² de bâtiments fonctionnels et modernes avec des salles de garde à vue au même étage équipées de caméras, une salle de tirs "dernière génération", une salle de sport...
Mais certains grincent des dents.
"Il faut quand même essuyer les plâtres", reconnaît un gradé de la PJ. "Les téléphones portables ne passent pas au sein de l'immeuble, on ne peut pas se garer, c'est mal desservi, on ne sais pas où manger", se lamente un enquêteur. "Et puis les locaux sont peut-être plus modernes mais on a quand même moins de place dans les bureaux", se plaint un autre.
"Je comprends l'attachement au 36 quai des Orfèvres mais il s'agissait de conditions de travail d'un autre temps", répond à l'AFP le préfet de police. Il a néanmoins entendu les récriminations et souhaite "les régler au plus vite et du mieux possible". Il dirigera à cette fin un nouveau comité de pilotage début juillet.
En mai, des syndicats de policiers s'inquiètaient aussi "des complications insurmontables", en raison notamment du report de l'ouverture du palais de justice prévue au deuxième semestre 2018.
"Il y a forcément des ajustements liés au fait que c'est un bâtiment neuf", souligne un autre policier "mais il y a aussi des problèmes liés au retard du palais de justice", insiste un policier.
Prévue fin 2017, l'ouverture du nouveau palais de justice de Paris, dans le quartier des Batignolles, a été repoussée pour permettre notamment un renforcement des mesures de sécurité dans le contexte des attentats.
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