Cela devait être la série de la progression, après des tests de novembre et un Tournoi des six nations 2017 jugés plutôt encourageants sur la route de la rédemption.
Elle ne le sera a pas à l'heure du bilan: en pleine reconstruction, les Springboks ont inscrit soixante-quatorze points en deux matches à des Bleus bien palots (37-14 puis 37-15). Dans la lignée de toutes les récentes tournées ou presque (trois victoires en seize matches depuis dix ans).
"Si on finit sur une bonne note, ça n'effacera pas la tournée car tu en perds deux, mais il y aura du positif", a ainsi estimé l'ailier ou arrière Vincent Rattez.
Le sélectionneur Guy Novès, dont le bilan, proche de l'équilibre avant de prendre l'avion, penche désormais franchement du mauvais côté (sept victoires pour dix défaites), a lui vu "une progression".
Le premier test complètement manqué au niveau de l'engagement a ainsi été suivi d'un deuxième de meilleure facture, mais qui a remis au jour toutes les insuffisances techniques et athlétiques de l'équipe.
'Vraie évolution'
"La progression est réelle, et vous êtes assez grand pour le voir, si vous en avez envie, a-t-il ainsi souligné devant la presse. En terme de rugby, même si fin juin c'est plus compliqué à ce moment de la saison, je sens une vraie évolution. Elle a été remise en question parce qu'on prend des essais que l'on pourrait éviter".
Et que le XV de France ne parvient pas à marquer ceux qu'il devrait, privé, volontairement ou non, de cinq titulaires en puissance (Vahaamahina, Lopez, Lamerat, Fofana, Nakaitaci voire Chouly).
Quand l'Angleterre, sans une quinzaine de joueurs mobilisés par les Lions britanniques et irlandais, remporte dans le même temps ses deux rencontres en Argentine (38-34 et 35-25).
Ces lacunes qui séparent la France, huitième nation mondiale, des meilleurs, ne datent pas d'hier. Et Novès voyait juste quand il affirmait, lors de sa prise de fonctions en novembre 2015 après la catastrophique Coupe du monde, ne pas arriver tel "Zorro" avec "une baguette magique".
L'avenant signé à la nouvelle convention Fédération/Ligue, qui offrira à partir de cet été au sélectionneur un confort de travail encore plus important que celui de cette saison, déjà inédit, produira peut-être un effet bénéfique à terme, en vue de la Coupe du monde 2019.
Pas de 'fatalisme'
En attendant, il y a une tournée à sauver. Les Bleus y croient, pas résignés: "Il y a plus de la frustration que du fatalisme. Car on ne sent pas un tel écart" avec l'Afrique du Sud, a expliqué Rattez.
Suivi par un autre bizuth de cette série, Nans Ducuing: "Le discours, c'est qu'il faut qu'on prenne conscience qu'on a du potentiel, que si on gomme certaines erreurs on peut arriver à faire de belles choses."
Peuvent-ils seulement le faire, avec une équipe quasi inchangée (trois retouches, dont une sur blessure) en conclusion d'une semaine plus calme, où le président de la Fédération Bernard Laporte n'est pas venu, comme la précédente, leur rappeler leurs devoirs d'internationaux?
Réponse samedi à l'Ellis Park, où le XV de France ne s'est jamais incliné en quatre rencontres. "C'est bien mais je ne m'appuie jamais sur les statistiques. Je parle plutôt de l'état d'esprit du groupe et du collectif. Et en aucun cas, sur les stats et sur ce qui a été fait avant. Ce n'est pas ce qui nous permettra d'être bons demain (samedi)", a répondu le capitaine Guilhem Guirado.
Si la série se poursuivait, Guirado et ses coéquipiers, mais surtout ses entraîneurs, passeront cependant sans doute des vacances un peu moins désagréables.
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