Ils sont venus cette semaine vider leur bureau, récupérer des souvenirs comme leur boîtier de vote, voire chercher du réconfort. "Avec les collègues, on s'est serrés dans les bras, on avait les larmes aux yeux", confie une ex-parlementaire de gauche défaite par la vague En Marche, qui essaie de "comprendre et digérer".
Les anciens députés gardent un droit d'accès à l'Assemblée. Mais une page se tourne doucement: il faut aussi boucler les comptes de campagne, rendre la permanence en circonscription, licencier ses collaborateurs - "on se sent responsables, c'est difficile".
Après cinq, dix ans, voire davantage "sans week-end et avec peu de vacances", selon un ancien bien investi, le temps est venu pour certains d'une pause. "Je vais prendre un peu de repos, m'occuper de ma famille et réfléchir à mon projet professionnel", indique Chaynesse Khirouni (PS), mère de trois enfants de 49 ans, issue du milieu associatif et qui promet dans son message d'au revoir de rester "une militante engagée".
D'autres ont des mandats locaux leur permettant le cas échéant de rebondir, tel Nicolas Sansu (Front de gauche), maire de Vierzon, fonction qu'il aurait dû quitter s'il avait été réélu au Palais Bourbon. Idem pour Catherine Vautrin (LR), présidente du Grand Reims: "de nombreux projets, des actions concrètes" en perspective.
Mais un grand nombre, pris dans le tourbillon de la campagne, n'ont pas prévu de "plan B", selon l'expression de Nathalie Kosciusko-Morizet (LR), battue mais restant cheffe de l'opposition à Paris.
'Plus de mandat, plus de boulot'
"On a eu le sentiment d'être utile, on ne fait pas n'importe quoi derrière: il faut retrouver du sens", explique un ex de droite de la même génération.
La moyenne d'âge des sortants, près de 60 ans, cache de fortes disparités. Certains peuvent faire valoir leurs droits à la retraite - retraite active pour l'écologiste Brigitte Allain, qui va ouvrir des chambres d'hôtes sur son ancienne exploitation agricole en Dordogne. D'autres ont encore des années de travail devant eux.
La situation est plus simple pour les fonctionnaires, qui retrouvent immédiatement leur emploi. C'est le cas de Jean-Jacques Urvoas, ex-garde des Sceaux, qui fait un "retour au port" après la "tempête" comme professeur à l'université de Bretagne, comme il l'a tweeté, photo d'amphi vide à l'appui.
La reprise d'activité pour les professions libérales et les chefs d'entreprise est parfois difficile. Dominique Orliac (PRG), qui pratiquait encore à temps partiel, va de nouveau exercer pleinement comme ophtalmologue. Et Yann Galut (PS) va "reprendre la robe" d'avocat, sans "arrêter la politique" totalement alors que "tout est à rebâtir". Mais pour Lionel Tardy (LR), qui a revendu son entreprise informatique voilà plus d'un an notamment parce qu'il n'avait "plus le temps de s'en occuper", l'heure est aux interrogations.
"A 56 ans", Catherine Lemorton, ex-présidente de la commission des Affaires sociales qui avait cédé sa pharmacie pour rompre tout "lien d'intérêts", n'a "plus de mandat, plus de boulot". Elle mise sur ses "compétences législatives" et sa "connaissance des autorités sanitaires" pour "servir la République, autrement".
Les anciens salariés du privé bénéficient, eux, sous conditions, d'une garantie de réintégration professionnelle.
Tous ceux en quête d'un emploi peuvent cependant toucher une allocation chômage dégressive pendant trois ans maximum, financée par les cotisations des députés eux-mêmes. Le 1er semestre, la totalité de l'indemnité parlementaire (5.599,80 euros brut) leur est garantie.
Isabelle Le Callennec (LR), ex-assistante parlementaire, ne se "ferme aucune porte" et préfère "battre le fer tant qu'il est chaud". Elle s'est inscrite à Pôle Emploi et à l'Apec pour accéder aux offres, et a passé son premier entretien de "conseil en évolution professionnelle" - sur lequel elle a travaillé comme députée.
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