"Je suis sûr qu'on peut trouver une intelligence collective" sur de nombreux dossiers, a dit le ministre de la Transition écologique et solidaire, sur BFMTV.
Pour sa première interview au terme d'un mois de mandat, il a souligné qu'il héritait souvent de situations installées depuis des années.
Ainsi, concernant la pollution atmosphérique, le rapprochement des fiscalités du gazole et de l'essence se poursuivra, pour arriver au même niveau "dans un horizon assez proche", a-t-il confirmé, sans donner de calendrier.
"J'ai bien conscience que les personnes éloignées des centres urbains par les prix du marché immobilier n'ont souvent pas accès à des transports doux, et on les a incitées pendant des années à acheter des véhicules polluants", a-t-il ajouté. "Je dois aussi penser à ces personnes qu'on a mises dans une impasse".
Sur la question des loups, qui divise éleveurs et ONG de défense de la nature, M. Hulot veut "engager une remise à plat du dispositif": dès septembre "on va codéfinir un schéma pour les 4 prochaines années, qui démarrera au 1er janvier 2018".
Des discussions sont en cours sur le nombre de tirs autorisé pour 2017-18. "Ce n'est pas décidé", a-t-il précisé.
M. Hulot s'est dit "sûr qu'on peut trouver là, comme dans d'autres sujets, une intelligence collective". "Même si j'ai une fibre naturaliste, est-ce que je peux ignorer la détresse de ces éleveurs qui depuis le début de l'année ont vu près de 10.000 brebis égorgées?"
Sur la corrida, "je ne vais pas changer d'avis parce que je suis ministre: je ne suis pas pour. Mais en même temps ma position doit-elle primer sur un débat de société? C'est un débat culturel, et je pense qu'il ne faut pas l'esquiver".
"Indignation légitime"
Le ministre s'est montré plus tranché sur les permis d'exploration d'hydrocarbures, avec l'annonce d'une loi d'ici l'automne qui modifiera le Code minier pour empêcher tout nouveau permis en France, outre-mer inclus.
Il a cependant jugé difficile d'agir au niveau de l'exploitation, liée à des permis déjà accordés, estimant que cela ouvrirait la voie à de nombreux litiges entre l'Etat et les compagnies concernées.
Mêmes réserves au sujet de l'extraction de sable à Lannion, le ministre renvoyant la balle à Bercy tout en réitérant son opposition personnelle.
Sur le rejet des boues rouges en Méditerranée par l'usine Altéo, il a souligné "la légitimité de l'indignation".
"On a laissé faire pendant des années. Je récupère une forme de laxisme, et maintenant on se retrouve dans une situation où si on prend une décision ferme, on met des centaines de personnes au chômage. Donc on va regarder et évaluer si on peut aller plus loin et plus vite".
Sur le dossier des perturbateurs endocriniens, il a voulu rassurer quant à la position française à Bruxelles.
"La France va rester ferme. Mon rôle c'est d'aider à protéger les Français de ces empoisonnements", a-t-il assuré, alors qu'un nouveau vote des Etats européens est attendu le 4 juillet.
Sur les états généraux de l'alimentation, annoncés par le ministère de l'Agriculture, il a rappelé que cette initiative était à l'origine son idée, et qu'une fois abordées les premières urgences de la profession agricole, il faudrait élargir le débat aux modes de production et de consommation.
Ministre d'Etat couvrant un vaste secteur, Nicolas Hulot a depuis le remaniement ministériel de mercredi, deux secrétaires d'Etat à ses côtés.
Brune Poirson sera plus spécifiquement chargée des sujets touchant à la mer, la biodiversité, et des dossiers européens. Sébastien Lecornu s'attellera notamment aux questions liées à l'aménagement du territoire, a indiqué le ministre.
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