Lors d'un vote à bulletins secrets, M. Faure, 48 ans, l'a emporté très largement par 28 voix contre 3 face à l'ex-ministre de l'Environnement Delphine Batho, à qui il a aussitôt proposé la première vice-présidence.
Réélu pour un deuxième mandat en Seine-et-Marne dimanche avec 61% des voix face à une candidate de La République en marche (REM), cet homme de compromis à la voix grave et posée, redevient ainsi le chef de file d'un groupe qu'il présidait depuis fin 2016, après la nomination de Bruno Le Roux comme ministre de l'Intérieur.
Mais les troupes ont fondu, passant de 284 élus en fin de législature, dont des écologistes pro-gouvernement, à une trentaine. Le nombre peut encore quelque peu évoluer d'ici la constitution des groupes mardi.
Difficile dans ces conditions de se faire entendre et surtout de préserver l'unité, alors que différentes positions s'expriment sur la ligne à adopter envers la majorité présidentielle.
M. Faure, un juriste de formation ni "frondeur" ni "aligné" lors du quinquennat Hollande, s'est engagé jeudi lors d'une conférence de presse à ce que son groupe ne soit "ni dans l'obstruction, ni dans la robotisation de la pensée" avec la majorité.
Le groupe, qui va changer de nom, et sera techniquement inscrit comme groupe d'opposition, sera "à chaque fois dans la proposition" et pas dans "une logique d'empêchement", a-t-il assuré. Il avait appelé dimanche, au soir du second tour, les socialistes à "retrouver un discours qui puisse fédérer ceux qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon, ceux qui ont voté pour Benoît Hamon et ceux qui ont voté pour Emmanuel Macron".
"Forces centripètes"
Un élu veut croire à "un groupe soudé par le fait d'être encore là", estimant qu'"être dans l'opposition sans théâtralisation facilitera le travail collectif". Il espère que les députés PS pourront "jouer un rôle pivot dans la reconstruction de notre famille politique, à condition d'être imaginatifs et clairs dans nos positions". Dominique Potier voit, lui, les députés PS comme des "éclaireurs" dont la "vision" sera "précieuse pour le pays", plus que des "rescapés".
Mais la tâche sera compliquée pour M. Faure dans un groupe avec "des forces centripètes", selon les termes d'un autre élu.
Dès le 4 juillet, l'unité sera mise à l'épreuve lors du vote de la confiance au gouvernement d'Édouard Philippe (issu de LR).
La direction du PS va proposer samedi au Conseil national, parlement du parti, de se prononcer contre le vote de la confiance, mais pourrait laisser la porte ouverte à l'abstention.
Or le groupe, où certains voient d'un mauvais oeil l'idée de se faire dicter une ligne de conduite par le parti, semble pour l'instant divisé.
Une partie veut l'abstention, position centrale, à l'image du hollandais Stéphane Le Foll, l'ancien porte-parole du gouvernement. Deux plus petits tiers veulent voter contre, comme Luc Carvounas, ou pour, comme David Habib ou Olivier Dussopt.
A leur première réunion de groupe mardi, calme selon des participants, M. Faure avait exprimé sa préférence pour l'abstention.
Une tension non dite existe entre certains députés ayant arraché leur victoire et ceux qui "n'avaient personne d'En Marche face à eux", avec l'idée que c'était peut-être en échange de quelque chose, selon un élu.
Devant la presse jeudi, l'ex-ministre Guillaume Garot a plaidé pour "la liberté de chacun" sur ce vote, affirmant qu'il voterait la confiance et serait "dans un soutien exigeant à Emmanuel Macron", Cécile Untermaier ne voulant pas quant à elle "d'opposition frontale".
Mais un élu refusant de voter la confiance a, lui, prévenu cette semaine qu'il valait mieux "être 6 ou 7, sans groupe mais indépendants et socialistes, plutôt que d'envoyer des messages troubles", refusant de vendre son "âme".
Quant à Manuel Valls qui semble tenté de construire un autre groupe, il a, selon M. Faure, "choisi un autre destin".
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