Le conflit entre la seconde épouse de l'ancien chancelier, Maike Kohl-Richter, et les deux fils issus de sa première union, a éclaté au grand jour mercredi devant la porte en bois du pavillon de Ludwigshafen (ouest) où Helmut Kohl vivait reclus depuis des années.
Face aux caméras qui campent devant la maison depuis l'annonce vendredi de la mort de cette figure majeure de l'histoire allemande, Walter, le fils aîné de 53 ans, s'est vu refuser l'accès à la demeure où il a grandi avec son frère, Peter, et leur mère, Hannelore, qui s'est suicidée en 2001.
C'est dans cette maison que Kohl est mort et qu'un cercueil a été transporté à l'intérieur mardi.
Les deux petits-enfants d'Helmut Kohl ont également été éconduits par les policiers.
Responsable immédiatement désignée: la deuxième épouse de Helmut Kohl, Maike Kohl-Richter, de 34 ans sa cadette et épousée en catimini il y a neuf ans.
Portrait au vitriol
La presse allemande, dans laquelle elle ne s'exprime quasiment jamais, dresse d'elle le portrait au vitriol d'une femme omniprésente qui contrôlait le vieil homme de 87 ans, considérablement affaibli.
L'organisation des cérémonies officielles a également tourné à la controverse politique. Maike Kohl-Richter souhaitait écarter la chancelière Angela Merkel en ne l'invitant pas à s'exprimer lors de la cérémonie européenne prévue le 1er juillet à Strasbourg (est de la France), a révélé Der Spiegel.
La veuve voulait en revanche que le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, très contesté en Europe pour ses dérives autoritaires, s'exprime.
Devant les craintes de scandale, elle a fini par obtempérer mais Angela Merkel ne sera qu'une dirigeante parmi d'autres à rendre hommage à l'ancien chancelier.
Les observateurs y voient là une vengeance alors qu'Angela Merkel, qui doit le lancement de sa carrière politique à Helmut Kohl, avait fini par le lâcher lors du scandale du financement occulte de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) à la fin des années 90. Un coup de poignard dans le dos pour Kohl qui ne lui a jamais pardonné.
Père absent
Walter Kohl, qui n'avait plus de contacts avec son père depuis des années, a appris la mort de son père à la radio. Dans un livre best-seller, il avait raconté les souffrances de son enfance dans l'ombre d'un "géant" politique qui n'était pour lui qu'un père absent.
Si la mort de Helmut Kohl a finalement peu ému les Allemands, les images de cet homme, aux yeux rougis et à la ressemblance frappante avec son père, planté devant l'entrée de la maison de Ludwigshafen, ont fait le tour de l'Allemagne.
Par la voix de son avocat, Maike Kohl-Richter a justifié son refus de lui ouvrir la porte, affirmant que Walter Kohl n'avait pas honoré un rendez-vous téléphonique pour organiser les funérailles de Kohl. L'intéressé a répondu qu'il s'agissait de "mensonges".
Pour de nombreux journaux, Maike Kohl-Richter est la gardienne jalouse de l'héritage politique de son époux. Elle ne supporte pas la moindre critique sur le bilan des 16 années de Kohl à la chancellerie, entre 1982 et 1998.
Très diminué à la suite de plusieurs accidents graves de santé, Helmut Kohl était cloué dans une chaise roulante. Depuis deux ans, il pouvait à peine s'exprimer en raison d'une trachéotomie.
"Les gens qui ont rendu visite à Kohl ces derniers temps à Oggersheim (le quartier de Ludwigshafen où se trouve sa maison), doutent qu'il ait été encore capable d'exprimer une volonté", écrit le Spiegel.
Ancienne employée de la chancellerie à Bonn, Maike Kohl-Richter a rencontré Helmut Kohl en 1994. Il l'a épousée à 78 ans.
Sa nouvelle femme, dont les médias rapportent qu'elle portait parfois les tailleurs de la première épouse, l'a éloignée de sa famille et de ses proches. Leur maison a été transformée en musée à la gloire de ce vétéran de la politique, rapporte son fils cadet.
Historiens et experts redoutent aujourd'hui une "bataille des archives". Que va-t-il advenir des milliers et milliers de lettres, agendas et autres documents détenus par Helmut Kohl et désormais aux mains de cette seconde épouse controversée?
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