C'était une promesse de campagne d'Emmanuel Macron: les communes devraient avoir le droit de choisir de revenir ou non à la semaine de 4 jours dans les écoles maternelles et primaires. Et à Bihorel, près de Rouen (Seine-Maritime), on attend de pied ferme le décret que le ministère de l'Éducation nationale devrait publier dans les prochains jours pour confirmer la nouvelle. "Si le ministre et l'académie le permettent, nous le ferons dès cette rentrée-là!" assure le maire, Pascal Houbron.
Une charge financière
Et la municipalité n'a pas perdu de temps sur le sujet. "Nous avons interrogé le corps enseignant et les parents d'élèves en conseil d'école et, à l'unanimité, toutes les écoles de la commune ont été favorables à cette suppression des rythmes scolaires", poursuit l'élu.
S'il assure que cette mesure est avant tout motivée par "l'intérêt des enfants, il semble bien qu'ils soient très fatigués à l'issue de ces rythmes de 4,5 jours", il reconnaît que "cela nous fera aussi des coûts à retirer". Pour Bihorel, il estime que la réforme avait coûté plusieurs dizaines de milliers d'euros.
"Nous étions un peu aidés l'État mais nous avons été contraints de demander aux familles de participer et la commune avait malgré tout un coût supplémentaire", avec le personnel supplémentaire à embaucher et les frais de fonctionnement. "Surtout, la qualité de l'encadrement ne valait pas celui des professionnels de l'éducation nationale", insiste Pascal Houbron.
Des enfants fatigués
En revenant aux 4 jours, il espère aussi redonner un coup de pouce aux associations de sa ville qui "se sont aussi retrouvées avec des horaires très compliqués, le mercredi étant traditionnellement réservé aux activités culturelles, sportives ou au catéchisme par exemple."
Surtout, "les enfants sont fatigués, ils n'ont jamais de pause dans la semaine, regrette Valentine, maman de trois enfants scolarisés à Rouen. Des institutrices m'ont même déjà dit que ce n'était pas grave s'ils ne venaient pas le mercredi." Si elle reconnaît que les TAP (Temps d'activités périscolaires) ont permis aux élèves de découvrir de nouvelles activités - "mon fils Antoine a par exemple pu faire du taekwondo une fois par semaine, ce qui coûte peut-être 200€ l'année en club" - elle souligne qu'il existe des inégalités entre les écoles.
"La valeur ajoutée n'est pas la même partout. Même si avoir une demi-journée de plus où les enfants sont gardés peut-être pratique, ce n'est pas le but de l'école, poursuit-elle. Peut-être que s'ils avaient eu cours le samedi, même si c'est moins commode, la fatigue se ferait moins ressentir."
Des inégalités entre communes
Une disparité entre les établissements qui risque de perdurer si le décret est appliqué tel qu'annoncé. "Il faut qu'il y ait une vraie cohérence territoriale et que cela soit bien chapeauté par l'Éducation nationale et non pas que chaque commune se débrouille, que cela soit fait au coup par coup en fonction des moyens de telle ou telle mairie", insiste Marceau Privat du syndicat SNUipp-FSU.
Lui-même directeur à Canteleu, il reconnaît que "dans mon école, tous les parents et enseignants s'accordent à dire que la semaine telle qu'organisée actuellement ne change pas grand-chose. On rentre à l'école une demi-heure plus tard et on en sort un quart d'heure plus tôt. Mais les cinq matinées, ça fait des enfants plus fatigués qu'auparavant." Pourtant, il assure que "dans certains endroits où les enfants travaillent plus le matin et finissent plus tôt l'après-midi, il y a des expériences intéressantes avec une vraie prise en charge péri-éducative bien organisée…"
D'ailleurs, certaines communes du département comme Rouen, Le Havre ou Dieppe ont d'ores et déjà fait savoir qu'elles ne comptaient pour le moment pas revenir sur la réforme des rythmes scolaires. D'autres en revanche, comme Fécamp, ont déjà engagé le dialogue avec les parents et les enseignants pour voir ce qu'il était possible de faire.
Beaucoup regrettent toutefois qu'un véritable bilan des nouveaux rythmes n'ait pas été dressé. Surtout, "les réformes se suivent et se succèdent, on aimerait surtout que soit bien la qualité de travail des élèves et des enseignants qui restent au centre", plaide Marceau Privat.
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