Ces quatre personnes, deux Afghans majeurs et deux mineurs érythréens de plus de 16 ans, ont notamment été inculpées pour "homicide involontaire par violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement, en l'espèce entrave à la circulation ayant causé la mort du ressortissant polonais Miroslav I. et mise en danger de la vie d'autrui" (les autres chauffeurs)", a indiqué à l'AFP Patrick Leleu, procureur de la République de Saint-Omer (nord).
Le chauffeur décédé conduisait une camionnette immatriculée en Pologne. Il avait percuté un des trois poids lourds bloqués par ce barrage artisanal sur l'autoroute A16 à hauteur de Guemps, à 15 km à l'est de Calais (nord). Son véhicule s'était alors embrasé.
Les quatre inculpés, qui contestent les faits, ont été placés en détention provisoire.
En tout, neuf migrants - six Érythréens mineurs, un Éthiopien mineur et deux Afghans majeurs - avaient été interpellés rapidement dans un des poids lourds bloqués par le barrage et placés en garde à vue.
Les cinq mineurs âgés entre 13 et 16 ans (quatre Erythréens et un Ethiopien) ont fait l'objet d'une mesure de placement. Comme ils ont moins de 16 ans, le parquet n'a pas pu demander de détention provisoire en matière correctionnelle.
L'installation de barrages artisanaux dans le Calaisis, principalement la nuit, par des migrants voulant ralentir des camions en partance pour l'Angleterre et de tenter de se cacher à l'intérieur, était quasi quotidienne lorsque la "Jungle" de Calais, qui s'était formée au printemps 2015, dans la foulée d'un retour d'une forte présence de migrants en 2014, existait encore.
Cette pratique avait cessé avec le démantèlement du bidonville en octobre 2016, mais elle a progressivement repris depuis fin mai et le retour marqué des migrants dans la région. Alors que les barrages étaient principalement érigés sur la rocade portuaire du temps de la "Jungle", désormais ultra-sécurisée, ils sont aujourd'hui pour l'essentiel concentrés sur l'autoroute.
En Pologne, cet incident "a suscité une forte inquiétude dans la société, ce qui est bien compréhensible et pleinement justifié, et notamment dans les milieux de l'industrie des transports", a écrit le ministre polonais de l'Intérieur Mariusz Blaszczak dans une lettre adressée à son homologue français Gérard Collomb.
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