Alors que la canicule continue de frapper le pays, avec soixante-six départements toujours placés en vigilance orange et un nouveau pic de température prévu jeudi, les sans-abri luttent, plus que d'autres, contre ce niveau de chaleur peu courant en France.
Enceinte de quatre mois et à la rue "depuis trop longtemps", Christèle tente, elle, de trouver un peu de fraîcheur dans les gares. "Et quand j'ai soif, je vais demander de l'eau dans les bars. Si on demande gentiment, ils nous donnent", dit-elle.
Contrairement à une idée répandue, la situation des sans-abri n'est pas plus facile en été qu'en hiver, souligne Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (Fnars), qui regroupe 870 associations. "En réalité, la mortalité des sans-abri est aussi importante en été", relève-t-il.
Ne cherchant même plus à essuyer les gouttes de transpiration qui perlent sur son front, Cédric, 43 ans, assis sur les marches d'une église, porte un épais jean par 36°C. Parce qu'il n'a "rien d'autre".
"C'est difficile de dormir et le matin, on est réveillé tôt avec cette chaleur", se plaint-il. La journée, cet ancien ébéniste qui a tout perdu le jour où il a dû mettre la clef sous la porte explique se réfugier dans les jardins publics. "Il y a souvent des fontaines, c'est déjà ça", dit-il.
Karim lui, préfère la bière. A 33 ans, celui qui dit avoir le sentiment d'avoir vécu "toute sa vie" dans la rue explique "se défoncer la gueule" pour oublier la chaleur. "Au moins comme ça je ne sens plus rien et j'arrive à dormir", lance-t-il.
"Moi mon problème, c'est les pieds", dit Jacek, 52 ans, en les montrant gonflés par la chaleur. Ses baskets trouées dans lesquelles il ne rentre plus gisent sur le trottoir.
Eau potable
"Les sans-abri rencontrés lors des maraudes se plaignent de la chaleur mais nous n'avons pas encore détecté de situation dangereuse", affirme le président de l'association parisienne les Enfants du Canal, Christophe Louis.
Depuis le début de l'épisode de forte chaleur lundi, l'association distribue des bouteilles d'eau aux sans-abri. "On leur donne aussi des conseils pratiques : se mettre à l'ombre et si possible, se réfugier dans des locaux commerciaux. Nous appelons d'ailleurs à la vigilance et la modération des agents de sécurité", ajoute M. Louis.
A Paris, 1.200 fontaines d'eau potable sont accessibles gratuitement sur la voie publique et quinze autres points d'eau devraient être installés d'ici 2018, selon l'opérateur public Eau de Paris, qui a également commencé des distributions de gourdes pour les SDF, en collaboration avec les associations d'aide aux sans-abri.
"Depuis le début de la semaine, 2.500 gourdes ont déjà été distribuées et nous mettons également à disposition des petites cartes des fontaines pour pouvoir se réapprovisionner", précise Jean-Baptiste Butlen, directeur général adjoint d'Eau de Paris.
Pour les foyers les plus précaires, le fournisseur d'eau distribue aussi des "kits économiseurs d'eau", pour les aider à contrôler leur consommation.
Depuis lundi, plusieurs associations d'aide aux sans-abri ont augmenté leur niveau de vigilance. Le Samu social de Paris a aussi commencé à distribuer des bouteilles d'eau et la Croix-Rouge a renforcé ses maraudes, des équipes supplémentaires se tenant prêtes si la chaleur devait encore s'intensifier.
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