Initialement, une centaine d'hommes armés avaient attaqué à l'aube un poste militaire mal défendu avant que la majorité d'entre eux ne se replient. Mais une trentaine d'entre eux ont ensuite pris le contrôle de l'école, se servant de civils comme boucliers humains, a annoncé l'armée.
"Ils sont dans l'école et détiennent des civils. Ils s'en servent comme boucliers humains", a déclaré par téléphone à l'AFP le capitaine Arvin Encinas, porte-parole de la division militaire chargée du secteur, précisant que les jihadistes avaient placé des bombes artisanales autour du bâtiment.
Une vingtaine d'habitants des maisons alentour ont été pris en otage, mais aucun élève, a déclaré à l'AFP Antonio Maganto, porte-parole de la région chargé de l'éducation, ajoutant que leur nombre précis ne pouvait être confirmé.
Cette attaque est survenue à Pigkawayan, localité agricole située à 160 km de Marawi, ville de l'île de Mindanao en proie depuis un mois à un soulèvement de jihadistes se réclamant de l'EI.
Le porte-parole de l'armée Restituto Padilla avait expliqué auparavant que les attaquants de Pigkawayan appartenaient aux Bangsamoro Islamic Freedom Fighters (Biff), faction dissidente du Front Moro islamique de libération (Milf).
Le Milf est le principal groupe rebelle musulman des Philippines avec lequel le gouvernement a lancé des négociations de paix.
Le Biff est l'un des quatre groupes armés actifs dans le sud des Philippines qui se revendiquent de l'EI, selon des experts.
Desserrer l'étau sur Marawi
La police locale avait avancé que le Biff avait peut-être voulu faire diversion et desserrer l'étau sur les islamistes de Marawi.
D'après M. Padilla, les islamistes ont attaqué le poste militaire au lever du jour, échangé des tirs avec les soldats avant de battre en retraite, tactique habituelle des combattants du Biff.
"C'est déjà résolu. L'ennemi s'est replié, il a échoué", avait-il dit en fin de matinée, ajoutant que les militaires traquaient désormais les islamistes.
Mais quelques heures après, le capitaine Encinas a fait état de la prise d'otages dans l'école primaire, M. Padilla confirmant cette information à la télévision.
Les deux militaires ont fait état d'affrontements sporadiques tout au long de la journée dans les environs du village, qui est entouré de marais, de montagnes et de terres agricoles.
La maire de Pigkawayan Eliseo Garsesa a estimé que 200 islamistes avaient pris part à l'opération initiale.
Le sud à majorité musulman de l'archipel philippin, par ailleurs largement catholique, est le théâtre depuis plus de 40 ans d'une rébellion musulmane qui milite pour l'indépendance ou l'autonomie. Le conflit a fait plus de 120.000 morts.
Si les principales organisations musulmanes ont engagé des négociations de paix, voire signé des accords, de plus petits mouvements comme le Biff ont continué le combat.
Le président Rodrigo Duterte a décrété la loi martiale sur l'ensemble de Mindanao peu après le début le 23 mai de la mise à sac de Marawi où les bannières noires de l'EI ont été brandies.
Les forces philippines, qui peuvent compter sur l'appui de forces américaines non-combattantes, notamment dans des tâches de surveillance aérienne, ne sont toujours pas parvenues à venir à bout de ces affrontements.
Les combats ont fait des centaines de morts et Marawi est en grande partie détruite.
Les jihadistes appartiennent vraisemblablement au groupe des frères Maute et à Abou Sayyaf, deux mouvements qui ont aussi prêté allégeance au groupe EI.
L'armée affirme que des combattants étrangers venant notamment de Tchétchénie, d'Indonésie ou de Malaisie ont rejoint les rangs des islamistes.
L'EI, qui perd du terrain en Irak et en Syrie, ambitionne de décréter un califat dans le Sud-Est asiatique.
En 2008, le Biff avait été accusé d'avoir attaqué au moins neuf localités de Mindanao. Ces attaques avaient fait environ 400 morts tandis que 600.000 personnes avaient dû fuir.
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