Ce n'est en rien un spectacle. Mais les propos de certains personnels de la clinique Saint-Martin à Caen peuvent parfois être plutôt inhabituels. "Vous voyez, les mauvaises herbes, là sur votre droite, il faudrait peut-être penser à les enlever", lance Benoît, un manipulateur du service radiologie de la clinique Saint-Martin de Caen (Calvados), en charge de conduire une séance d'imagerie par résonance magnétique (IRM) sur un patient. Particularité : ce dernier a accepté d'avoir recours à l'hypnose pour faciliter son examen médical.
Zone de confort
La tonalité lancinante de la voix du manipulateur n'est pas un artifice, mais grandement utile pour préserver la sensation de confort de son interlocuteur. "La conscience virtuelle délimite le sentier de l'évasion, pendant que la conscience critique lui rappelle qu'il est bien dans une salle d'IRM", explique le professionnel de santé.
"Mon problème, c'est que j'ai une angoisse qui monte quand on me bloque la tête avant d'aller dans le coeur de la machine", confie Pierre. En contact verbal permanent avec le manipulateur, il n'a alors rencontré aucune difficulté et a pu parfaitement dominer sa phobie. "Quand le patient arrive, nous procédons à un court interrogatoire qui nous permet notamment de sonder les terrains sur lesquels il est à l'aise et peuvent le mettre en confort. Il s'avère que dans cet exemple, ce monsieur a une passion pour le jardinage et pendant l'examen nous sommes donc allés ensemble dans sa serre". Le sérieux est de rigueur, quitte à décevoir quelques fois la personne qui a bénéficié d'une aide par l'hypnose. "Je m'attendais à autre chose, qu'il m'emmène un peu plus. Mais l'essentiel, c'est que tout se soit bien passé."
"Nous n'endormons personne"
À la clinique Saint-Martin à Caen, deux des huit manipulateurs en radiologie ont récemment été formés à l'hypnose pour des premières applications à l'hôpital en début d'année 2017. "C'est pour nous un outil supplémentaire pour faire notre travail et permettre aux patients de réaliser leur examen dans les meilleures conditions possible, note Céline, manipulatrice. Nous ne poussons personne à y avoir recours. C'est avant tout une démarche personnelle. Au patient de devenir acteur de son soin. Nous n'endormons personne !"
Le reste du service suit cette nouvelle aide avec intérêt. "Nous gagnons en efficacité, car il nous arrivait plus fréquemment d'avoir des patients qui, très mal à l'aise, n'allaient pas au bout de leur examen, ce qui derrière, pour le diagnostic est problématique, estime le cardiologue Gérard Piel. Et puis la prise en charge des patients par les manipulateurs en est grandement facilitée". Au vu des résultats, il ne serait pas étonnant de voir l'hypnose s'inviter prochainement dans d'autres services de l'hôpital.
Reportage diffusé sur Tendance Ouest
Repères
Hypnose. Il s'agit d'un état modifié de conscience chez un individu. Pour y parvenir : les canaux sensoriels sont privilégiés : odeur, parole, toucher.
À Caen. L'hypnose est pratiquée au sein du service radiologie de la clinique Saint-Martin. Au CHU, elle est utilisée aux urgences pédiatriques notamment.
5. Chaque jour, dans le service IRM de la clinique Saint-Martin, ils sont en moyenne cinq patients à bénéficier de l'hypnose, sur une soixantaine d'examens.
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