Entre les bouquets de fleurs et les messages d'enfants, des responsables de la communauté musulmane se relaient pour répondre aux journalistes, mais doivent admettre qu'au cours des derniers mois les actes anti-musulmans se sont multipliés, et qu'ils redoutaient un attentat de ce genre.
"Il y a eu hélas des attentats récents commis au nom de l'islam, au nom de Dieu, et il était possible que quelqu'un y réponde ainsi", confie à l'AFP Rawad-ud-din Arif Khan, imam de la mosquée Baitul Ahad, dans un quartier voisin de la banlieue nord de Londres.
"Il est triste que ces attentats soient associés à notre religion", ajoute-t-il. "La peur se répand parmi notre communauté. Ces gens veulent nous diviser, il faut veiller à ne pas tomber dans leur piège".
A la suite des récents attentats revendiqués ou inspirés en Grande-Bretagne par le groupe État islamique, le nombre d'incidents ou d'agressions anti-musulmans a fortement augmenté dans le pays.
A Londres, ils ont été multipliés par cinq depuis l'attentat sur le pont de Westminster qui a fait le 22 mars cinq morts et vingt blessés, a indiqué début juin le maire de la ville Sadiq Khan, avec en moyenne vingt incidents anti-musulmans par jour.
Cette tendance avait été enregistrée à partir du massacre du Bataclan à Paris en novembre 2015, selon les statistiques officielles britanniques.
Peu après minuit dimanche soir, Christopher Kyprianou, 39 ans, un fidèle de la mosquée de Finsbury Park, sortait de la prière quand la camionnette blanche conduite par Darren Osborne a foncé dans la foule, le manquant de quelques centimètres mais blessant un de ses amis.
Il se recueille mardi matin devant les grilles fleuries et admet que "tout le monde était nerveux, après ces attaques terroristes commises au nom de notre religion. Le climat était tendu, même si dans ce quartier où les relations entre les communautés ont toujours été bonnes".
"Enflammer l'opinion"
Non loin de là Mohammed Kozbar, président de la mosquée, enchaîne les interviews, prêche la bonne parole et insiste sur la cohésion sociale du quartier, qui a répondu à l'agression par de nombreux témoignages de solidarité.
"Nous étions plus de 700 ici hier soir, sur cette place, pour une veillée", dit-il à l'AFP. "Ceux qui ont monté cette attaque ont tenté de nous diviser, de répandre la haine entre les communautés. Ils ont échoué. Tous les extrémistes, d'où qu'ils viennent, ne sont que de petites minorités".
Pour Fiyaz Mughal, fondateur de l'association Tell Mama, qui recense les incidents et actes hostiles aux musulmans, il faut chercher l'origine de la haine qui semble avoir animé Darren Osborne dans la rhétorique de certains commentateurs d'extrême droite.
"Après chaque attentat important, il y a de gros titres ou des éditorialistes qui enflamment l'opinion dans le seul but de vendre du papier ou de générer des clics sur des sites web", regrette-t-il.
"Cela rend réelles et respectables des choses que certains se contentaient de penser en privé", ajoute-t-il, estimant que dans un tel contexte une attaque comme celle qui a visé les fidèles de la mosquée de Finsbury Park était inévitable.
Ainsi, Tommy Robinson, ancien dirigeant de la formation d'extrême-droite English Defence League, estime qu'il s'est agi d'une "vengeance" à la suite du sang versé à Londres par des jihadistes au nom de l'EI.
En novembre 2015 le tabloïd The Sun avait mis à la Une un "sondage choc" selon lequel un musulman britannique sur cinq avait de la sympathie pour les jihadistes, avant d'être forcé de publier un rectificatif indiquant que ce gros titre était "très trompeur".
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