Parmi les dizaines de jeunes hommes qui défilent depuis vendredi à la Fashion week milanaise, aucun ne peut espérer rivaliser un jour avec les stars féminines des podiums, en terme de notoriété comme de rémunération.
Car si les noms de Gisèle Bündchen, Kate Moss ou Naomi Campbell dépassent largement les frontières de la mode, ceux de leurs homologues masculins, comme l'Americain Sean O'Pry ou le Britannique David Gandy, demeurent quasiment inconnus du grand public.
Interviewé en 2011 par le Sunday Times, ce dernier déclarait: "Dans la hiérarchie du shooting, il y a le photographe, le mannequin femme, les stylistes, les assistants et enfin le mannequin homme".
Pour le sociologue de la mode Frédéric Godart, "même si les marchés du vêtement de luxe masculin et féminin génèrent des ventes équivalentes, soit environ 30 milliards de dollars chacun, la mode reste une industrie qui s'adresse prioritairement aux femmes".
"Les marques ou les magazines de mode sont davantage attirés par le capital esthétique de la femme, qui permet de mieux vendre un produit et fait par conséquent grimper la rémunération des mannequins féminins", explique-t-il à l'AFP.
Selon ce spécialiste, elles sont environ un millier de jeunes femmes sur la planète à pouvoir vivre confortablement du mannequinat.
"Dans ce milieu, c'est la règle du +winner takes all+ (le vainqueur prend tout) qui prévaut, ce qui fait que les tops féminins ont tendance à rafler la mise et à creuser l'écart avec les hommes", souligne-t-il.
En 2013, le classement du magazine américain Forbes des mannequins les mieux payés révélait que Gisèle Bündchen avait empoché en un an la somme de 42 millions de dollars, soit 28 fois plus que son équivalent masculin Sean O'Pry, en tête avec un "petit" million et demi.
Précarité
Mais le cas de l'icône brésilienne, qui multiplie les contrats mirobolants avec de grandes enseignes de luxe, fait figure d'exception dans la "modosphère".
Sur la première marche du podium depuis une quinzaine d'années, elle distance en effet régulièrement de deux à trois dizaines de millions de dollars ses dauphines Kate Moss, Mirranda Kerr ou, l'an passé, sa compatriote Adriana Lima...
"Les différences de rémunération entre les sexes ont tendance à se réduire à mesure qu'on descend dans la hiérarchie. Le salaire moyen d'un mannequin aux Etats-Unis, homme ou femme, tournant aux environs des 30.000 dollars annuels", assure Frédéric Godart.
Mais tous ne peuvent pas en dire autant et nombreux sont ceux, ou celles, qui vivent dans la précarité et sont contraints pendant les périodes creuses de trouver une deuxième activité. Le dédommagement en vêtements est aussi largement pratiqué dans ce milieu.
Professionnel depuis une dizaine d'années, le mannequin français Baptiste Nicol assure toutefois qu'on peut "correctement gagner sa vie sans pour autant figurer dans le top 100 mondial".
"En travaillant en moyenne 15 jours par mois pour des catalogues, des défilés ou des essayages, j'arrive à un salaire de cadre", explique le jeune homme de 32 ans qui dit faire une carrière "modeste" sans sortir des frontières hexagonales.
Les différences de salaires avec ses consoeurs ? "Elles existent, bien sûr, mais il y en a aussi entre garçons. Et il faut tenir compte du fait que nos carrières durent plus longtemps: un homme gagne en général le mieux sa vie dans le métier entre 30 et 50 ans", explique-t-il.
Pour Rosa Sarli, directrice de l'agence Elite à Milan, le salaire des mannequins est une question sur laquelle "il est difficile de généraliser, aussi bien pour les hommes que pour les femmes".
"Cela peut dépendre d'un grand nombre de facteurs, au-delà du critère physique, comme par exemple la notoriété", explique-t-elle à l'AFP.
"Ainsi, le fait qu'un mannequin soit marié(e) à une star ou qu'il soit simplement le fils ou la fille d'une célébrité va faire monter les prix", ajoute-t-elle.
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