Ils ne s'attendaient "pas du tout", de l'aveu de l'entraîneur des arrières Jean-Frédéric Dubois, à ce scenario: près de 75 points encaissés en deux matches et une série déjà pliée avant le dernier rendez-vous, samedi à Johannesburg. Et le coup de gueule du président de la Fédération française de rugby (FFR) de Bernard Laporte, venu expressément à Durban sermonner les joueurs, n'y a rien fait.
Samedi, le coeur mis à l'ouvrage, contrairement au premier test (14-37), n'a pas suffi, à cause d'une "somme de détails techniques", selon l'entraîneur des avants Yannick Bru, qui manquent toujours aux Bleus au très haut niveau international.
Ils l'ont réellement touché du doigt samedi, pour la première fois depuis que ce nouveau staff, avec Guy Novès aux commandes, a été intronisé fin 2015 -- Bru faisait cependant déjà partie de l'ancien.
Car s'ils avaient rencontré l'Australie (23-25) et la Nouvelle-Zélande (19-24) en novembre dernier, elle étaient en bout de course après une saison harassante, comme les Argentins l'an passé en juin (19-30 puis 27-0).
"De l'extérieur, on ne s'aperçoit pas de l'écart qui s'est creusé avec ces nations" a souligné Dubois.
En terme de vitesse d'exécution, autour des rucks (six ballons perdus en première période) et pour forcer la décision devant l'en-but.
'Tous marqués par l'intensité'
Samedi, le XV de France a ainsi bien plus tenu le ballon que les Boks (64%, 66% d'occupation), mais marqué deux fois moins d'essais.
Une possession la plupart du temps stérile, comme sur deux longues séquences en seconde période (48e-54e, aucun point; seulement trois à la 64e).
"Ce n'est pas de la mauvaise volonté, mais beaucoup de joueurs ont été confrontés à un niveau pas connu depuis pas mal de temps. Et ils étaient tous marqués par l'intensité que proposent les Sud-Africains", a expliqué Bru.
"On travaille beaucoup sur la vitesse et l'intensité. Mais on s'aperçoit qu'on a encore du retard sur ces équipes-là", a appuyé son alter ego chargé des arrières.
Quelles en sont les raisons, qui ne peuvent se limiter à la fatigue de fin de saison, puisque Damian Penaud a lui rivalisé?
"Peut-être leur façon de travailler", a répondu Dubois, pour qui il "va falloir faire des efforts supplémentaires de préparation".
Notamment pendant cette intersaison portée à dix semaines pour 45 internationaux qui travailleront dans leurs clubs en concertation avec le staff des Bleus. "Les clubs vont-ils adhérer?" s'est demandé Dubois.
Autre interrogation, la qualité intrinsèque de cette génération. Dubois la balaie: "Non, non. Honnêtement je pense qu'on a des joueurs de qualité en France."
La question de la formation se pose cependant, alors que les moins de 20 ans n'ont plus atteint la finale du championnat du monde depuis 2006. "Tout le monde est en train de travailler dessus, mais l'effet se verra dans cinq, dix ans" a-t-il estimé.
Le rythme du Top 14
Dubois a surtout pointé du doigt le jeu dans le Top 14, qui ne prépare pas au rythme proposé par l'hémisphère Sud.
"Il faut aussi qu'il y ait une remise en question de notre championnat, qu'il se joue beaucoup plus sur la vitesse. Mais est-ce que les arbitres peuvent le faire? Est-ce que les clubs peuvent? Les cultures sont tellement ancrées...", a-t-il estimé.
En tout cas, le staff est convaincu d'aller dans la bonne direction. "On ne fera pas marche arrière sur le projet. Mon expérience internationale me fait dire que c'est le rugby qu'on joue actuellement qui gagne" a affirmé Bru.
"Mais il faut le jouer souvent face à des adversaires de ce calibre, avec cette intensité athlétique, pour être capable de prendre des décisions sous stress, quand le coeur tape fort et la défense adverse intense", a-t-il ajouté.
En attendant, les Bleus iront samedi à Johannesburg pour "sauver l'honneur", selon l'entraîneur des avants. "Mais on ne changera pas structurellement nos manques sur cette dernière semaine."
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