"Un mois à peine après notre libération, j'étais déjà de retour", témoigne pleine d'enthousiasme Sanaa Nafeh, le visage ceint d'un voile bleu, quelques minutes avant le début de son examen d'anglais.
"Je me sens soulagée malgré toute la destruction sous mes yeux", poursuit cette étudiante irakienne de 21 ans.
A l'entrée de l'université, des responsables de la sécurité fouillent les étudiants et contrôlent leur identité. Des travailleurs s'activent pour nettoyer les pelouses et les allées bordant les bâtiments aux murs noircis.
L'immense campus accueillait près de 40.000 étudiants avant la prise en juin 2014 par le groupe Etat islamique (EI) de la ville du nord de l'Irak.
Une partie de l'université a continué à fonctionner sous les jihadistes mais la plupart des étudiants à cette époque étaient des proches de gens de l'EI, selon un employé de l'administration s'exprimant sous le couvert de l'anonymat.
Au cours des dernières années, "nous, les femmes, restions à la maison", se remémore Sanaa Nafeh.
"Au début, il y avait de l'électricité, nous recevions les infos et je pouvais télécharger des livres", raconte-t-elle à l'AFP. Mais après quelques mois, "internet a été coupé et il ne me restait plus que mon imagination pour ressentir ce qui se passait dans le monde".
Aujourd'hui, seuls les étudiants en sciences humaines ont fait leur retour. Les facultés scientifiques, aux effectifs plus importants, restent elles fermées pour le moment.
'Je me suis mis à pleurer'
Les forces irakiennes ont repris en janvier le contrôle de la partie orientale de Mossoul, où se trouve l'université. Ils ont lancé dimanche l'assaut pour chasser les jihadistes de la vieille ville, une zone densément peuplée de l'ouest où sont retranchés la majorité des derniers combattants de l'EI.
Les murs de l'université portent les stigmates des combats acharnés. Avant de se replier, les combattants de l'EI ont notamment brûlé la bibliothèque centrale.
"Il y avait près d'un million et demi d'ouvrages, y compris des livres qu'il était interdit d'emprunter pour leur valeur rare, comme les manuscrits", se remémore amèrement l'ancien superviseur du lieu, Mahmoud Abou Mouhannad.
"Quand j'ai vu la bibliothèque dans cet état, je me suis mis à pleurer", confie à son tour Zeid Mouhieddine, un employé de l'université.
Les étudiants, eux, gardent espoir, "malgré tous les obstacles qui se dressent sur notre chemin", assure Ahmad Chehab Ahmad.
"Ma présence aujourd'hui ici avec mes amis est la preuve de notre détermination et de notre résistance", poursuit le jeune homme de 23 ans.
"Peu importe si les bâtiments sont brûlés ou détruits tant que les cours ont lieu", soutient de son côté Maher, 25 ans, en troisième année de géographie.
L'administration universitaire table sur une reprise normale des cours en octobre 2017, menant, avec peu de moyens, une véritable course contre la montre pour rétablir l'eau et l'électricité, ainsi que pour la réhabilitation des bâtiments touchés par les combats.
"Le déblayage est à peu près terminé dans toutes les facultés grâce aux efforts de jeunes volontaires qui ont rassemblé pendant quatre mois des milliers de tonnes de débris", a indiqué à l'AFP Oussama Hamdoune, le directeur des projets de reconstruction de l'université.
"Mossoul est une ville dotée d'une civilisation. Ni Daech (EI) ni qui que ce soit ne peut briser le désir de vivre de ses habitants", affirme fièrement M. Hamdoune. "La réouverture de l'université est un message envoyé au monde entier".
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