Aujourd'hui seuls trois vaccins infantiles sont obligatoires: diphtérie, tétanos et poliomyélite, et huit autres, dont la coqueluche, l'hépatite B ou la rougeole, sont seulement recommandés, rappelle la ministre.
"Ce double système est une exception française. Cela pose un vrai problème de santé publique", estime-t-elle, rappelant que "la rougeole réapparaît" et qu'elle a causé la mort de 10 enfants depuis 2008. "Le taux de couverture est de 75% alors qu'il devrait être de 95%", souligne-t-elle, et "on a le même problème avec la méningite. Il n'est pas supportable qu'un ado de 15 ans puisse mourir parce qu'il n'est pas vacciné".
"Nous réfléchissons donc à rendre obligatoires les onze vaccins (poliomyélite, tétanos, diphtérie, coqueluche, rougeole, oreillons, rubéole, hépatite B, bactérie Haemophilus influenzae, pneumocoque, méningocoque C) pour une durée limitée, qui pourrait être de cinq à dix ans", a indiqué la ministre, soulignant que "l'Italie l'a fait la semaine dernière".
"Dès que l'on parle d'obligation vaccinale cela déclenche des polémiques", prévient dans les colonnes du quotidien le professeur Alain Fischer, président de la concertation citoyenne sur les vaccinations. "Malheureusement il n'y a pas d'autres solutions pour lutter contre la recrudescence des maladies infantiles. C'est un mal transitoire pour un bien sur le long terme", affirme-t-il.
"Ce serait une hérésie", lui répond dans le journal Jacques Bessin, président de l'Union nationale des associations citoyennes de santé (UNACS). Selon lui, "les vaccins ont des effets secondaires neurologiques, musculaires mal mesurés et parfois irréversibles". "On ne laissera pas faire", assure-t-il.
Face à cette hostilité, la ministre répond qu'il "faut faire oeuvre de pédagogie". "La vaccination ce n'est pas seulement l'intérêt qu'on y trouve soi-même, c'est un enjeu de solidarité, une façon de protéger l'ensemble de la société", a-t-elle dit.
Face aux critiques estimant que cette décision ferait la part belle aux laboratoires pharmaceutiques, Agnès Buzyn "refuse qu'on (lui) colle cette étiquette".
"Oui, les industriels gagnent de l'argent mais on ne peut pas réduire la question de la vaccination à l'intérêt des laboratoires", a-t-elle tranché.
Ce dossier des onze vaccins infantiles obligatoires avait été engagé par la précédente ministre de la Santé Marisol Touraine qui, lors de la passation de pouvoir avec Agnès Buzyn, en mai 2017, avait rappelé avoir "préparé un texte de loi".
"Je suis convaincue que c'est cela qui doit être engagé, maintenant la responsabilité est la vôtre", lui avait-elle lancé.
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