Ana Brnabic, 41 ans, prendra ses fonctions moins d'un an après être entrée dans la vie politique, en août dernier, à l'époque déjà sur invitation d'Aleksandar Vucic.
Sa nomination fait d'elle la première femme à être à la tête du gouvernement dans l'histoire de la Serbie et aussi la première personne ouvertement homosexuelle à occuper ces fonctions dans ce pays de 7,1 millions d'habitants dont plus de 80% de la population est constituée de chrétiens orthodoxes et où l'homophobie reste répandue.
"Servir mon pays est pour moi le plus grand honneur. Je travaillerai avec dévouement et de manière responsable avec beaucoup d'amour et d'honnêteté", a réagi Ana Brnabic.
Auparavant, Aleksandar Vucic avait expliqué devant la presse l'avoir nommée parce qu'elle "possède les qualités personnelles et professionnelles pour exercer ces fonctions".
En 2016, l'arrivée d'Ana Brnabic au gouvernement avait provoqué des grincements de dents dans les rangs du parti de l'actuel chef de l'Etat et dans ceux de ses partenaires politiques.
Mais Aleksandar Vucic, qui était à l'époque Premier ministre et lui avait confié à ce titre le ministère de l'Administration, avait répondu aux opposants à l'entrée au gouvernement d'une lesbienne : "ses choix personnels ne m'intéressent pas (…), seuls les résultats" comptent, tout en vantant son "son parcours professionnel impeccable".
Un des responsables d'une formation de second plan de la coalition au pouvoir, Dragan Markovic, déjà opposé l'année dernière à la nomination d'Ana Brnabic à un poste ministériel, a pour sa part récemment souhaité la désignation à la tête du gouvernement d'un "père de famille, qui a des enfants".
"Il s'agit de déclarations inadéquates et irresponsables, qui sont sans aucun doute discriminatoires", a réagi Ana Brnabic.
La Serbie de M. Vucic s'applique à améliorer son image après les critiques dont elle a fait l'objet à propos de la protection des droits des minorités, particulièrement de la minorité LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels).
Le choix du président
Aleksandar Vucic occupait les fonctions de Premier ministre depuis 2014 jusqu'à il y a deux semaines lorsqu'il est devenu le président de la Serbie.
Ce poste est largement honorifique, mais les analystes estiment que M. Vucic va renforcer son pouvoir et ses détracteurs ne manqueront pas alors de l'accuser d'autoritarisme comme lorsqu'il dirigeait le gouvernement.
"Vucic veut donner de la Serbie l'image d'un pays libéral où les libertés sont à un très haut niveau", a dit à l'AFP l'analyste politique Boban Stojanovic à propos de la nomination d'Ana Brnabic.
Le chef de l'Etat souhaite aussi montrer à "tous ses adversaires politiques en Serbie qu'il est la personnalité la plus puissante du pays", a ajouté M. Stojanovic.
La confirmation de la désignation d'Ana Brnabic au poste de Premier ministre par le parlement sera une formalité car le parti de M. Vucic y dispose d'une confortable majorité.
Elle-même, qui n'est officiellement liée à aucun parti politique, a récemment déclaré qu'à son avis le président devait "jouer le rôle d'une sorte de mentor du Premier ministre, tout du moins au cours des premiers mois".
Rappelant qu'elle n'est pas "une militante LGBT", Ana Brnabic note que l'homophobie est toujours un problème mais que "la situation s'améliore lentement".
"Personnellement, je n'aime pas que cela (l'orientation sexuelle) soit utilisé pour décrire mon caractère, pourquoi cela est-il important ? Ce qui est important, c'est la capacité professionnelle à accomplir un travail honnête, à aimer son pays et à travailler dans le plus grand intérêt de son pays", a souligné cette femme d'apparence réservée.
Ana Brnabic, née à Belgrade et diplômée de l'université de Hull en Grande-Bretagne, était avant de rejoindre le gouvernement responsable d'une association mixte privée et publique appelée "Naled", créée en 2006 et qui oeuvre à créer de meilleures conditions pour le développement économique en Serbie.
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