C'était le bastion imprenable de la droite. François Fillon y a fait son meilleur score de France à la présidentielle (57%), Claude Goasguen, 72 ans, y a été plébiscité aux législatives de 2002, 2007 et 2012. Dimanche soir, le candidat LR, habitué des scores à 60%, s'est retrouvé à 37,99 %, six points derrière la candidate inconnue de La République en marche, Valérie Bougault-Delage (44,20%), dans la très chic 14e circonscription de Paris.
Un "lendemain gueule de bois", dit-on dans le camp Goasguen. "J'ai été surpris", reconnaît l'intéressé, tracts à la main devant le marché de la rue d'Auteuil mercredi. "Je m'attendais à ne pas passer au premier tour à cause de la vague Macron, mais je pensais que je serais en tête".
Un peu penaud face à ceux comme Anne-Marie, 73 ans, qui lui reprochent de ne pas être venu à la rencontre des électeurs avant le premier tour alors que "les gens d'En marche, ils étaient tout le temps là", M. Goasguen reconnaît qu'il n'a pas été "assez vif". Depuis lundi donc, il arpente les rues du quartier jusqu'à en avoir "mal aux pieds", pour convaincre les électeurs.
Des électeurs "à Roland-Garros ou à Deauville"
Si chez REM on est persuadé que même dans cette circonscription "symbolique", il y a une volonté de dégager les "installés", chez M. Goasguen, on affirme que le mauvais score est dû à la très forte abstention. "Il y a 20.000 personnes qui ont voté Fillon qui ne se sont pas déplacées, parce que +Goasguen, il passe toujours au premier tour+", assure une militante. A quelques jours du second, la consigne est claire : "on dit aux gens +ce week-end on ne va pas en Bretagne, pas en Normandie, on reste à Paris, et on va voter+", complète un autre.
Dans les rues du XVIe, ils sont effectivement nombreux à aller d'eux-mêmes saluer "Monsieur le maire" pour s'excuser de ne pas avoir été voter. "Je pensais qu'il allait passer, j'ai été très surpris", reconnaît Didier, avocat de 58 ans.
D'autres cependant n'ont pas apprécié que M. Goasguen justifie sa défaite en expliquant que ses électeurs étaient "à Roland-Garros ou à Deauville". Françoise, 70 ans, l'interpelle dans la rue pour lui dire. "C'est une caricature des gens du XVIe", s'énerve-t-elle. Il est "mauvais joueur", confiera plus tard celle qui a voté pour lui "pendant trente ans, mais maintenant ça suffit". M. Goasguen lui, hausse les épaules. "Ca ne plaît pas à la dame mais c'est la vérité, je le connais le XVIe", dit-il.
Marie-Madeleine, 75 ans, a voté pour lui au premier tour, "la force de l'habitude et c'est son dernier mandat", explique-t-elle, en avouant avoir hésité. "Pour les mêmes raisons", sourit-elle. Elle votera pour lui au second car "un peu d'opposition ça serait pas mal, et lui il a une grande gueule". Même si, ajoute-t-elle, "il est quand même très à droite".
Ses idées, M. Goasguen n'en parle pas à ses électeurs. "Ils les connaissent", balaie-t-il. "Chrétiens d'Orient, défense d'Israël, terrorisme, fiscalité", énumère celui qui avait parlé en 2014 de la Shoah "qu'on n'ose plus enseigner dans les lycées tant on a peur de la réaction des jeunes musulmans qui ont été drogués dans les mosquées".
Confronté au non-cumul des mandats, M. Goasguen avait choisi en avril l'Assemblée plutôt que la mairie. Il y restera finalement s'il perd dimanche, mais se dit "serein". "Allez voter, qu'on ait au moins un député de droite à Paris", répète-t-il en distribuant ses tracts.
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