Plusieurs centaines de détenteurs de titres doivent se retrouver à partir de 15h15 dans une grande salle parisienne pour approuver les comptes 2016 du constructeur automobile français, la nomination de plusieurs nouveaux administrateurs et les émoluments de l'emblématique M. Ghosn, PDG depuis 12 ans.
En 2016, le dirigeant a touché 7 millions d'euros de Renault, dont 1,23 million de fixe, le solde - en numéraire ou en actions récupérables à terme - étant calculé sur des critères de performance. Les actionnaires seront invités à donner un avis consultatif sur ces éléments, objet de la sixième résolution de l'AG.
L'enjeu sera plus important pour la septième puisqu'il s'agira d'approuver les éléments de rémunération de M. Ghosn pour 2017, un vote rendu contraignant par la loi "Sapin 2" et dont l'issue reste incertaine.
M. Ghosn ne risque pas une amputation de ses revenus, puisqu'en cas de rejet des règles pour 2017, celles de 2016 s'appliqueraient. En revanche, un vote négatif constituerait un deuxième désaveu de suite, 54% des détenteurs de titres représentés à l'AG ayant refusé sa rémunération en 2016.
Le conseil d'administration était passé outre, suscitant des critiques du patronat et du ministre de l'Economie de l'époque, Emmanuel Macron. La controverse avait poussé le gouvernement à renforcer l'arsenal législatif sur la gouvernance des sociétés.
Or, le premier actionnaire de Renault est l'Etat (19,74%), suivi de Nissan (15%). Mais l'entreprise nippone ne dispose pas de droits de vote. Daimler contrôle 3,1% des actions de Renault et les salariés de l'entreprise 2,09%, le reste étant surtout aux mains d'investisseurs institutionnels.
Résultats "record"
Bercy a confirmé que les représentants de l'Etat voteraient, cette année encore, contre la rémunération de M. Ghosn, jugée excessive. Renault, qui doit convaincre une forte majorité des autres actionnaires, a fait oeuvre de davantage de transparence sur les critères de performance déterminant la part variable de la rémunération du PDG.
Mais certains actionnaires pourraient être hérissés par des informations publiées cette semaine selon lesquelles l'alliance Renault-Nissan réfléchirait à un système de bonus supplémentaires pour ses dirigeants, dont M. Ghosn, à travers une société dédiée aux Pays-Bas.
Renault-Nissan a assuré que cette révélation de l'agence Reuters n'était "pas fondée sur des informations fournies par l'alliance ou ses entreprises membres, et (qu')aucune décision de ce genre n'a été prise", une position répétée mercredi par la direction aux syndicats, selon Franck Daoût (CFDT).
"La rémunération au regard des responsabilités, c'est bien mais à un moment donné, il y a un problème d'échelle: la rémunération des salariés n'a pas suivi la pente de celle de M. Ghosn", a ajouté M. Daoût, en appelant à "voter contre les résolutions 6 et 7".
La rémunération totale de M. Ghosn en 2016 a atteint 15,4 millions d'euros une fois pris en compte son salaire de PDG chez Nissan, ce qui fait de lui le patron le mieux payé du CAC 40, selon le cabinet de conseil Proxinvest. Depuis fin mars, il n'est plus que président du conseil d'administration du constructeur japonais, mais a entretemps pris la tête du nouvel arrivant dans l'alliance, Mitsubishi.
Avec ses dix marques, l'alliance "pèse" 10 millions de véhicules vendus par an, ce qui lui permet de disputer cette année la première place mondiale à Volkswagen et Toyota.
Coïncidence, cette dernière entreprise a relevé mercredi le plafond des salaires de ses dirigeants afin d'attirer davantage de talents étrangers.
L'actuel mandat chez Renault de M. Ghosn, 63 ans, expire à l'assemblée générale 2018.
Le constructeur français a bouclé 2016 sur des résultats financiers "record", 3,54 milliards d'euros de bénéfice net. Les actionnaires vont toucher 3,15 euros par titre contre 2,40 en 2015.
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