Valdez, 50 ans, pigiste de l'AFP, a été abattu en plein jour le 15 mai à Culiacan, dans l'Etat de Sinaloa (nord), près des locaux de la revue Riodoce qu'il avait fondée.
Sa mort a déclenché une vague de condamnations de gouvernements étrangers mais également - chose rare - de médias mexicains dans une lettre adressée aux autorités pour demander justice.
Cette vague d'indignation a obligé le président Enrique Peña Nieto à s'exprimer pour la première fois publiquement sur la mort d'un journaliste au Mexique.
Le chef d'Etat s'est engagé à renforcer et étendre les mécanismes de protection des reporters, ainsi qu'à combattre l'impunité dans un pays où plus de 90% de ces types de crimes restent impunis.
Depuis le début d'année, au moins quatre autres journalistes ont été tués au Mexique : Cecilio Pineda, Ricardo Monlui, Miroslava Breach et Maximino Rodriguez.
Un autre, Salvador Adame, qui dirigeait une chaîne de télévision locale dans l'Etat de Michoacan (ouest), est porté disparu depuis son enlèvement par des hommes armés le 18 mai.
Selon RSF, le Mexique est le troisième pays le plus dangereux au monde pour exercer l'activité de journaliste après la Syrie et l'Afghanistan.
Vagues de sang
Un mois après l'assassinat, l'enquête semble au point mort. Les proches de Valdez n'ont aucun contact avec les autorités judiciaires et aucune avancée dans l'investigation n'a été signalée.
La juridiction en charge des meurtres de journalistes a de son côté rejeté les demandes d'information de l'AFP.
"Il y a des preuves, il y a des pistes" s'est contenté de commenter mercredi sur Radio Formula le responsable de cette juridiction, tout en ajoutant qu'il avait la "responsabilité de garder le secret".
Résonnant comme un aveu d'impuissance, le ministère mexicain de la Justice a de son côté offert mardi 81.500 dollars pour toute information permettant de remonter aux assassins de Pineda, Valdez, Rodriguez et Breach.
Selon ses collègues à Riodoce, la mort de Javier Valdez pourrait être liée à l'interview d'un des leaders du cartel de Sinaloa qu'il avait réalisée en février.
Ce narcotrafiquant, Damaso Lopez Nunez alias "El Licendiado" (le diplômé), arrêté depuis à Mexico, était en lutte pour le contrôle de ce groupe criminel face aux fils de Joaquin "El Chapo" Guzman, extradé en janvier vers les Etats-Unis.
L'interview a "beaucoup dérangé" du côté des fils de "El Chapo" confiait en mai à l'AFP Ismael Bojorquez, le directeur de la revue.
Riodoce a convoqué jeudi une marche pour la paix entre la cathédrale de Culiacan et le siège du gouvernement de Sinaloa.
A Mexico, plusieurs débats sont organisés ainsi qu'une manifestation dans le centre historique. Un groupe de journalistes américains a par ailleurs lancé un mouvement demandant aux médias de publier jeudi des articles sur Valdez et d'y associer le hashtag "#nuestravozesnuestrafuerza" (Notre voix est notre force).
D'autres manifestations sont prévues dans d'autres villes du pays. A Merida, dans l'Etat de Yucatan (est), les élèves d'une école d'art ont peint une fresque murale en hommage à Javier Valdez.
Le journaliste y est représenté assis dans une barque constitué de papier journal, ramant péniblement à l'aide d'un énorme stylo sur des vagues de sang.
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