Pressée par les dirigeants européens, Mme May les a rassurés mardi à Paris, dans le jardin de l'Elysée: "Le calendrier pour les négociations du Brexit est maintenu et elles commenceront la semaine prochaine", a-t-elle assuré, alors que le président français Emmanuel Macron venait de redire son souhait que ces négociations "démarrent le plus rapidement possible".
Theresa May a ainsi répondu a l'impatience exprimée par certains dirigeants européens, agacés par le flou qui entourait le début des négociations de sortie du Royaume-Uni de l'UE, censées commencer le 19 juin.
"Ce qui me préoccupe aujourd'hui, c'est le fait d'avoir le plus rapidement possible un partenaire pour négocier", avait ainsi déclaré le négociateur en chef de l'UE sur le Brexit, Michel Barnier, dans un entretien avec la presse européenne.
"Nous sommes prêts, nous pouvons commencer à discuter demain matin", avait-t-il affirmé, comme pour mieux souligner l'absence d'interlocuteur côté britannique.
'Coalition du chaos'
Mais cet engagement de Theresa May à maintenir le calendrier des négociations du Brexit la pousse à faire aboutir au plus vite les discussions avec le DUP, le parti unioniste protestant d'Irlande du Nord.
Désormais sans majorité absolue depuis les élections législatives du 8 juin, qu'elle avait elle même convoquées pour renforcer sa position face à des Travaillistes supposés affaiblis, Theresa May est en effet contrainte de courtiser le parti nord-irlandais, dont les dix élus permettraient aux Tories d'atteindre les 326 sièges requis pour avoir le contrôle du Parlement.
Le Parti conservateur ne dispose plus que de 318 députés depuis les élections législatives anticipées de jeudi.
Une première rencontre entre Theresa May et Arlene Foster, la dirigeante du DUP, s'est tenue mardi après-midi, sans aboutir à un accord.
Les échanges ont cependant été qualifiés de "productifs" par la Première ministre. "J'espère que nous pourrons atteindre une conclusion au plus vite", a de son côté affirmé Arlene Foster.
Mais les prises de position de la formation unioniste contre le mariage homosexuel et l'avortement suscitent le malaise jusque dans les rangs conservateurs, tandis que l'Irlande s'inquiète de voir une telle alliance remettre en cause le fragile équilibre des pouvoirs qui règne en Irlande du Nord.
Le chef de l'opposition britannique, le travailliste Jeremy Corbyn, a raillé mardi cette tentative d'alliance entre les deux formations, qui constituerait selon lui une "coalition du chaos".
L'ancien Premier ministre conservateur John Major a lui aussi exprimé ses inquiétudes, estimant sur BBC Radio 4 que le gouvernement "ne sera pas considéré comme impartial" en Irlande du Nord s'il établit un accord avec le DUP. Son impartialité est selon lui une "condition fondamentale" au maintien des accords de paix entre Catholiques et Protestants dans la région.
Brexit 'dur' ou 'doux'
Le Sinn Féin, la formation historique des nationalistes catholiques, s'est également montré très attentif à ces négociations.
"Ces arrangements sont troublants, nous sommes inquiets de voir ce que cela peut signifier et des promesses qui seront faites", a indiqué à l'AFP Michelle Gildernew, l'une des sept membres du parti élus au parlement britannique: "Il y a beaucoup d'anxiété".
Theresa May à tenté de contenir ces craintes en promettant mardi que le gouvernement britannique serait "absolument loyal" aux engagements pris envers l'Irlande du Nord.
Mme May et Arlène Foster pourraient également devoir accorder leurs vues sur le Brexit.
La cheffe du gouvernement a en effet prôné jusqu'ici un Brexit "dur", impliquant notamment une sortie du marché unique européen, pour reprendre le contrôle des frontières britanniques. A l'opposé, le DUP est lui favorable à un Brexit "doux" pour éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande.
"Nous attendons impatiemment la position du gouvernement britannique dans ces négociations. L'incertitude actuelle ne peut plus continuer", a tweeté mardi Guy Verhofstadt, le référent du Parlement européen sur la question.
Signe que ces négociations pourraient prendre du temps, le vice-Premier ministre britannique Damian Green avait laissé entendre lundi que la cérémonie d'ouverture officielle du nouveau Parlement britannique, prévue le 19 juin, et à l'occasion de laquelle la Reine doit lire le programme législatif rédigé par le gouvernement, pourrait être retardée.
"Tant que nous ne l'aurons pas (l'accord avec le DUP, NDLR), nous ne pourrons pas convenir des derniers détails du discours de la Reine", avait-il admis.
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